Chantiers de l'Erca-Batos de Blida abandonnés, matériel saisi à Alger, dont 22 grues, des centaines de logements non terminés, notamment à Boudouaou et Corso, avec résiliation à tort pour les travailleurs, la Cnas qui immobilise du matériel pour non-paiement des cotisations, la Caisse nationale des retraités qui refuse les dossiers en ne les retenant même pas. Une situation apocalyptique pour des ouvriers, des chefs de chantier, des manœuvres affiliés à l'une des entreprises les plus florissantes, il n'y a pas si longtemps. Tout le monde entendait parler de la DNC, de l'ERCA puis de Batos, pour qui la programmation d'anéantissement a été entamée depuis quelques années. La sonnette d'alarme contre certaines pratiques mafieuses avait déjà été donnée, il y a plus d'une année (cf El Watan du 15 février 2005), avec l'explication du plan machiavélique mis en place pour faire disparaître le secteur étatique, le prix du mètre carré administré par l'Etat, ferme et non révisable, mais inférieur d'un tiers à celui alloué aux entreprises venues de Chine et d'Egypte et auxquelles il faudra rajouter celles de Turquie. En faisant le compte après le premier trimestre de cette année, ce sont plus de 1700 logements qui attendent d'être repris et pour lesquels les 700 travailleurs pourraient toucher des subsides pouvant assurer à leurs familles une vie décente. Ces travailleurs, qui demandent une enquête pour déterminer où est parti l'argent de l'agence de Blida, comment les sous-traitants de Batos n'ont pas été payés et pour la plupart poursuivent aujourd'hui l'entreprise en justice afin de récupérer leu dû, sans oublier les fournisseurs et les services. Birkhadem (350 logements), Boudouaou (200 logements), Corso (200 logements), Boumati (200), Bourouba (200), Saïd Hamdine (150) et Zéralda Grand vent avec 400 logements : comment ces chantiers entamés ont-ils pu être à l'arrêt ? Les travailleurs se demandent pourquoi c'est à eux de payer les pots cassés. Un protocole d'accord avait été trouvé et signé au mois de février avec la création d'une commission formée de permanents et de contractuels pour résoudre les problèmes et arriver à libérer les travailleurs en leur versant leur dû, mais les portes demeurent toujours fermées. La CNR attend toujours ses 1,3 milliard de dinars de cotisations avant de régulariser les situations, la Cnas demeure dans l'attente pendant que les cadres de l'entreprise déposent leurs dossiers de retraite à Alger où la saisine n'est pas opérée. Vingt ans d'expérience pour la plupart des travailleurs, huit mois sans salaire, des chantiers à l'arrêt et autant de retard donc pour la réception. Le gâchis est à l'œil nu dans un pays et une région qu'on qualifiait d'exemple dans un passé, où l'expression l'« industrie industrialisante » laissait présager un avenir heureux.