Par désespoir, notre collègue s'est suicidé en se jetant du troisième étage », témoigne un groupe de travailleurs de la société Bâtiment et ouvrages spécialisés (Batos). Dans cette entreprise publique, 959 travailleurs n'ont pas perçu leurs salaires depuis 9 mois. Ils se sont regroupés, hier, devant le siège central de l'UGTA à Alger pour « espérer être reçus et ainsi pouvoir réclamer, encore une fois, les arriérés de salaires » dira un travailleur. Pourtant, le protocole d'accord, signé le 27 mars dernier, entre la SGP Indjab et la fédération nationale BTPH de l'UGTA stipulait clairement « le paiement des arriérés de salaires de l'ensemble des entreprises (et ou filiales) sans préalable », rappelle un cadre de Batos. Or depuis, aucune décision n'a été prise dans ce sens, « malgré les déclarations récentes du ministre des Participations et de la Promotion des investissements, affirmant le paiement des retards de salaires » tient à préciser un syndicaliste de Batos. Il indique que « la situation insoutenable pour ces travailleurs s'est empirée avec la décision de ne pas accepter les congés de maladie ». Pire, ajoutera-t-il, « nombreux employés de Batos, ceux qui viennent des autres régions du pays, sont parqués dans des bases de vie où les conditions d'hygiène sont inhumaines ». L'entreprise Batos fait partie des 24 entreprises publiques économiques (EPE) et filiales devant être dissoutes. Il s'agira alors d'appliquer la clause du départ indemnisé à raison de deux mois par année d'ancienneté jusqu'à concurrence de 15 années et sur la base du salaire de poste le plus avantageux des douze derniers mois. Mais il faut noter, s'accordent à dire les travailleurs présents hier devant le siège de l'UGTA, que « Batos ne mérite pas ce traitement injuste ». En plus de la qualification professionnelle des travailleurs hautement appréciée (comme cela été le cas par les Canadiens lors de la réalisation du Sanctuaire du martyr à Riadh El Feth), Batos dispose de divers moyens matériels. Cela comprend les moyens de levage, les moyens de production et de transport de béton, les moyens air comprimé ainsi que des engins de transport et de la production de l'énergie. Elle possède, à son actif, la réalisation de différents projets comme la Cité universitaire 2000 lits de Tizi Ouzou, une tour R+21 à Bir Mourad Raïs, une autre tour R+8 à Hammamet et plusieurs logements dans les zones d'El Achour, d'El Mohamadia, des Eucalyptus, de Staouéli, de Ouled Yaïch. « En ce 21 mai, date anniversaire du séisme de Boumerdès, les œuvres de Batos témoignent du professionnalisme de ses travailleurs », conclut le DFC de cette entreprise publique.