Le 14 e Festival culturel européen se déroule à Alger, Annaba et Oran jusqu'au 30 mai 2013. Eu canto o fado» signifie en portugais «je chante le fado». Sans être lusophone, le public du 14eFestival culturel européen, présent dimanche soir à la salle Ibn Khaldoun à Alger, a bel et bien chanté le fado. Le jeune chanteur, Gustavo, qui se produit pour la première fois en Algérie, a su entraîner les présents sur les sentiers de ce chant mélancolique du Portugal. «J'adore le fado», a-t-il lancé au public. Ce fils du célèbre artiste Antonio Pinto Basto a interprété plusieurs chansons du fado traditionnel, lui ajoutant une certaine fraîcheur. «Avec la même musique, on peut avoir plusieurs paroles pour ce genre de fado », a-t-il précisé. C'est presque le contraire dans le hawzi ou la S'naâ algériens où avec les mêmes paroles, il est possible d'avoir plusieurs mélodies. Même si la musique arabo-andalouse et le fado se ressemblent en plusieurs points. Les deux musiques évoquent l'amour déçu, la solitude, les séparations douloureuses, les nuits d'ivresse, la tristesse, la nostalgie, les tourments de la vie, … «Mais, il n'y a pas que cela. Dans le fado, nous interprétons aussi des chansons gaies, exprimant une certaine joie de vivre», nous a précisé Gustavo, lors d'une rencontre avant le concert. Le fado «joyeux» est né dans les quartiers de Lisbonne, capitale du Portugal, comme Mouraria ou Castelo. Il est moins triste que le fado de Coimbra, développé au fil des ans par les étudiants. Situé sur le fleuve Mondego, au centre du Portugal, à 200 km au nord de Lisbonne, Coimbra est connue pour ses universités. Accompagné de trois musiciens jouant de la guitare portugaise (dans le fado de Coimbra, on utilise aussi la guitare espagnole), de la guitare classique et de la basse, Gustavo a également interprété des morceaux du fado inspiré de la tradition taurine du Portugal. Dans d'autres chansons, on retrouvait des traces de la musique folklorique de ce pays ibérique. «Le fado a plusieurs styles. Dans mon prochain album, il y aura des chansons écrites et composées par moi-même. Je raconte mes propres histoires et expériences dans mes chansons. Le fado n'est pas une musique de vieux. Ils sont nombreux les jeunes qui chantent aujourd'hui le fado au Portugal», a expliqué Gustavo, 23 ans. Gustavo fait partie de la nouvelle génération du fado, à l'image d'Ana Moura, Carminho et Goncalo Salgueira. Gustavo, qui a étudié le piano et la guitare et a appris la musique au collège militaire. Il a fait sa première apparition en public à l'âge de 15 ans, soutenu par son père. Depuis, il a accompagné des grands noms du fado dans leurs concerts, comme Teresa Tapadas, Rodrigo, Maria Joao Quadros… «On peut moderniser le fado, mais il faut toujours avoir la guitare portugaise et la guitare classique dans l'orchestre. C'est essentiel. On doit respecter les racines du fado», a-t-il dit. Depuis 2011, le fado est classé par l'Unesco dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Cette musique a été rendue célèbre grâce à des artistes tels qu'Amalia Rodriguez et João Braga. Ce soir, à l'auditorium de la Radio algérienne, au boulevard des Martyrs, à Alger, aura lieu le troisième concert du 14e Festival culturel européen. La musicienne et compositrice polonaise, Maria Pomianowska, sera sur scène, en compagnie du groupe algérien Djmawi Africa. Maria Pomianowska est, entre autres, directrice artistique du Festival interculturel de Varsovie.