Le chanteur kabyle, Ali Amran, auteur, compositeur et interprète, a fait part dernièrement, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, de sa volonté de donner, cet été, à travers la Kabylie plusieurs concerts à son public. Dans cette perspective, ses fans ne manqueront pas de le suivre pour apprécier, sur scène, l'interprétation de son nouvel album, Tizi n Leryeh (la colline des vents). Celui-ci comprend 10 titres, avec des airs de musique moderne et des textes d'une actualité immortelle. Cet album semble constituer un tube permanent chez les disquaires, comme on peut le constater à travers la plupart des grandes villes. L'auteur, interprète de folk rock kabyle, a donc présenté, à cette occasion, son dernier produit à travers lequel on peut percevoir des textes qui expriment le «désenchantement» et la «désillusion» de la société. Il l'avoue en faisant une rétrospective sur les lendemains d'avril 1980, une date mémorable où ce fut «la première fois qu'il y a eu une vraie sortie dans la rue» en Kabylie, pour affronter le bâillon et les brimades imposés depuis des temps immémoriaux contre tout ce qui à trait à la culture et l'identité berbères, à la démocratie, à la liberté d'expression, des revendications pour lesquelles le pouvoir affichait une allergie épidermique. C'était un saut dans le vide, mais grâce auquel, aujourd'hui, une avancée remarquable a été faite. Ali Amran fera remarquer qu'il n'y a pas dans les textes de son nouvel album, de reprise de titres du terroir, comme c'est le cas de trois reprises dans son précédent album Akka id ammur ! (Quel pays !, avec consonance péjorative). Dans Tizi n Leryeh, indique l'artiste, ce sont des chansons, avec l'introduction de nouveaux instruments musicaux, qui s'insurgent contre la violence, la corruption et autres fléaux étrangers aux mœurs kabyles. Ali Amran indique qu'il mène sa vie entre la France et la Finlande. «On dit chez nous : sors, tu grandis !» C'est là, estime-t-il, qu'il a un peu les coudées franches pour mieux travailler tout en s'inspirant, dans ses compositions, des blocages et fléaux pesant et rongeant le pays, comme il le décrit dans D yir ddunit (Vie intenable), Abu lehmum ! (Ô infortuné !), ou encore Ekkes i yi akin tamughelt agi ! (Enlève d'ici ce fusil !). Dans Tizi Leryeh, le chanteur imprègne profondément son auditeur dans les «tourments infinis» qui le mettent dans «un état second», ce qui lui fait porter un regard profond sur sa société, sur l'époque… Portant une barbe et une chevelure bien fournies, Ali Amran indique que c'est pour les besoins de participer, dans un rôle de poète, du film en préparation de Belkacem Hedjadj sur Fatma N'Soumer. D'un thème à un autre, Ali Amran berce ses fans de sa voix chaude et de sa belle musique, comme il les secoue aussi par l'actualité de ses textes à forte émotion, suscitée devant des «rêves» répétitifs qui débouchent toujours sur des désillusions. Comme le symbolise d'ailleurs l'empreinte d'un pas de pied nu, puis de la trace d'un autre avançant de moitié…