L'histoire de Constantine revisitée par les mathématiciens, les astronomes et autres hommes de sciences tel est le rendez-vous qui a eu lieu deux journées durant, les 25 et 26 avril, dans l'enceinte de l'auditorium Mohamed Seddik Benyahia, à l'université Mentouri, comme il lui arrive d'en organiser cycliquement. La thématique s'articule autour de l'histoire des sciences de la ville des Ponts et de sa région. Malheureusement, cet événement d'importance n'a pas eu d'écho, la communauté universitaire s'étant inscrite une fois de plus (et une fois de trop) aux abonnés absents. Fouad Rahmani, directeur du département de mathématiques et maître d'œuvre de cette rencontre scientifique, s'est dit consterné de cette désaffection en mettant ce raté sur le compte de l'absence d'un circuit de communication en mesure de véhiculer l'information à tous les niveaux de l'université. D'autres voix ont affirmé pour leur part que ce type de rendez-vous n'était pas, à quelques exceptions près, la tasse de thé préférée de la communauté universitaire constantinoise. Quoi qu'il en soit et comme l'a souligné Fouad Rahmani, « les absents ont raté l'occasion de s'imprégner d'une des plus belles pages de l'histoire de Constantine, car qui de nous sait que des mathématiciens et astronomes illustres ont vécu à Constantine, contribuant à travers les âges à son rayonnement civilisateur. Cette rencontre avec l'histoire leur rend justice, révèle leurs trésors et les installe sur le piédestal qu'ils méritent. » Ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en 1992, au temps de défunt Mohamed Boudiaf, éminent mathématicien et historien des mathématiques, Ahmed Djebbar a été le premier conférencier à monter au créneau sur le thème « Des sciences arabes, de l'héritage gréco-romain à la réception européenne ». Un thème abondamment et savamment commenté dans le contexte de l'avènement « d'une nouvelle tradition scientifique appelée sciences arabes ou sciences des pays de l'Islam dans une nouvelle civilisation, dont le moteur premier est l'Islam, ce qui a permis l'émergence de ces sciences arabes ». Poussant plus loin son exploration de l'histoire, Ahmed Djebbar élaguera le sujet, citant au passage des exemples significatifs de contributions originales des scientifiques des différentes dynasties musulmanes dans les domaines des mathématiques, de la médecine, de la chimie et de la mécanique. Il conclura son exposé en présentant le phénomène de circulation des sciences arabes à travers les traductions latines et hébraïques et en soulignant à gros traits le rôle capital joué par cette circulation dans la constitution d'une tradition scientifique européenne. De son côté, Ahmed Nouar, également mathématicien, plongera dans l'histoire de Constantine en la plaçant dans le contexte de l'histoire culturelle de l'Algérie. Il évoquera à ce propos le nom d'illustres savants, à l'instar d'Ibn Qonfod, El Hamidi, El Hafsi ou encore Omar El Ouezzane. Il établira également un constat relatif à la répartition des manuscrits de mathématiciens et astronomes algériens à travers le monde, insistant à cette occasion sur la nécessité pour notre pays de les prendre en charge. Chiffres à l'appui, il exprimera son regret, sachant que seulement 9 sur les 102 manuscrits répertoriés dans le monde se trouvent en Algérie, dont 7 ont été édités... outre-mer du fait qu'ils ont été superbement ignorés at home. Dommage...