Tout est parti du coup de colère du professeur Bouzid. Entre deux radios, les patients meurent, les délais sont trop longs. Paris. De notre correspondant Les réseaux sociaux se sont emparés de cette cause. Des initiatives citoyennes comme des piqûres de rappel. Ils sont venus dénoncer la situation des personnes atteintes de cancer en Algérie, faisant le lien avec la présence du président algérien dans un hôpital français et de nombreux responsables politiques dans des hôpitaux européens. Le premier à tirer la sonnette d'alarme, le professeur Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d'oncologie, fait un double constat : le nombre de cas de cancer en Algérie est appelé à s'accroître les dix prochaines années et les malades décéderont entre deux consultations. En clair, l'Algérie n'a pas assez investi dans la santé. Sa sortie médiatique a créé un électrochoc au sein de la société civile. Les initiatives citoyennes se multiplient. Une double manifestation a eu lieu hier à Paris et Alger, devant l'ambassade d'Algérie et l'hôpital Mustapha à Alger. «En tant que citoyen, je ne peux être sourd à l'appel de toute la société, il y a non-assistance à personne en danger ! Si l'on prend juste les chiffres du professeur Bouzid, nous devons tous nous alarmer. Il y a 28 000 personnes atteintes de cancer et seules 8000 d'entre elles peuvent être suivies dans l'année. Sans tomber dans l'arithmétique morbide, 20 000 personnes décèdent par manque de soins !», s'indigne Belaïd Aït Meziani, organisateur du rassemblement. Pays riche, peuple pauvre… «L'Algérie est le seul pays africain à avoir un budget aussi ridicule pour la santé, moins de 2,9% du PIB ! 20 000 morts par an, c'est un génocide à ciel ouvert ! Pourtant, le droit à des soins dignes est inscrit dans la Constitution», s'offusque Amel Chekkat, militante des droits de l'homme, qui a tenu à assister à la manifestation parisienne en solidarité avec les malades. 40 000 nouveaux cas de cancer sont recensés annuellement dont 20 000 chez les femmes et plus de 19 000 chez les hommes. Les cancers du poumon, de la vessie, de l'appareil digestif, du côlon et de la prostate sont les plus fréquents chez les hommes, soit un taux de 52,5% du total des cancers répandus chez ce genre. «La France ne veut plus soigner les malades algériens à cause de la dette contractée par la Sécurité sociale algérienne. Toute l'Algérie est malade et le médecin en chef est soigné à l'étranger ! Tout cela révèle la gabegie politique sanitaire de l'Algérie. Il y a des personnes qui sont soignées en France pour des opérations bénignes, mais les personnes atteintes de cancer sont oubliées dans des mouroirs, on se doit de réagir et de montrer notre solidarité !», tranche Idir Mohandi, peintre, présent à la manifestation.