Le cancer du sein vient en tête des cancers en Algérie, avec 10 000 cas par an. 3 000 Algériennes meurent de cette pathologie, chaque année, sachant qu'ailleurs, en Europe notamment, les femmes y survivent très souvent. Parmi les raisons pouvant expliquer ce drame les préjugés aussi bien des conjoints que de la société en général. Ces préjugés retardent le traitement et font que 95 % des malades se présentent à un stade très avancé. C'est ce qu'affirme le président du service de dépistage du cancer du sein au Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), le Pr Ahmed Bendib. Le professeur fait ce constat en se basant sur des faits regrettables dénotant un état d'esprit qui doit absolument évoluer. Ainsi, plusieurs conjoints n'accompagnent pas leur épouse à l'hôpital ou dissimulent les résultats de leurs analyses lors de la confirmation du diagnostic du cancer du sein, par crainte d'une ablation du sein, ramenant leur épouse à un stade avancé de la maladie où il est difficile de la traiter, a précisé le spécialiste dans une déclaration à l'APS à la veille de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4 février. Concernant les jeunes filles, le professeur Bendib a dit qu'une fois la maladie diagnostiquée, certaines ne se rendent pas à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires à temps, par crainte de l'ablation du sein ou pour d'autres raisons personnelles, notamment en raison du regard de la société algérienne et des préjugés. Et c'est ainsi que le cancer du sein vient en tête des cancers répandus en Algérie avec 10 000 cas enregistrés par an, dont 95 % des cas se présentent à un stade avancé de la maladie. Alors que les femmes atteintes du cancer du sein dans les pays occidentaux guérissent complètement ou vivent plus longtemps avec cette maladie chronique, plus de 3 000 femmes décèdent annuellement de cette pathologie en Algérie, selon le spécialiste. 10 % des cas de cancer du sein, du côlon et du rectum sont génétiques, ce qui nécessite l'ouverture d'un service de recherche et un autre de suivi au niveau du CPMC et du service de gastro-entérologie au CHU de Mustapha-Pacha, a indiqué le professeur Bendib. Le président de la Société algérienne d'oncologie, le Pr Kamel Bouzid, a indiqué, pour sa part, que le nombre de cas de cancer en Algérie est appelé à s'accroître dans les dix prochaines années en raison du vieillissement de la population. L'Algérie connaît, à ses dires, actuellement, le même rythme de progression du cancer que celui enregistré ces dernières années dans les pays occidentaux où l'on recense, du fait du vieillissement de la population, 300 nouveaux cas pour 100 000 habitants comme en France et 400 nouveaux cas aux Etats-Unis. La maladie a augmenté de façon remarquable durant ces dernières années passant de 80 cas pour 100 000 habitants en 1993 à 120 cas pour le même nombre d'habitants dans les années 2000. Les personnes âgées de 60 ans et plus représentent 7 % des cas, la moyenne d'âge d'atteinte de cancer étant de 52 ans selon les chiffres de l'Institut national de la santé publique. 40 000 nouveaux cas de cancer sont recensés annuellement dont 20 000 cas chez les femmes et plus de 19 000 chez les hommes, a révélé l'institut.