Le nombre des personnes âgées de 50 ans et plus est en constante augmentation. Le constat a été fait, jeudi dernier, par le docteur Sokhal, chef de service épidémiologie à l'hôpital de Beni Messous, dans une communication intitulée : « Aspect démographique du vieillissement ». Cette dernière a été présentée au centre de presse d'El Moudjahid, au cours d'une journée d'étude organisée par l'association Ihsane à l'occasion de la journée nationale des personnes âgées (27 avril). Reprenant les données de l'Office national des statistiques (ONS) et du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Sokhal a rappelé qu'en 1998, il a été recensé plus de 3 millions de personnes âgées de 50 ans et plus (11% de la population totale). Selon les prévisions, ils seront 4,9 millions en 2010 et 7,3 millions en 2020 sur une population totale estimée à 39 millions d'habitants. Le docteur Sokhal a conclu au « vieillissement accéléré de la population avec la prédominance de l'élément féminin ». Sur le plan médical, l'orateur a affirmé que l'Algérie a vécu une « transition épidémiologique », notamment avec l'apparition de maladies liées à l'avancement dans l'âge et de maladies chroniques qui sont la cause de 58% des décès, actuellement. Le recul dans la moyenne d'âge du mariage et la baisse des natalités, explique-t-on, ont fortement contribué à ce phénomène. Par ailleurs, le docteur Brouri, chef de service de médecine interne à l'hôpital de Birtraria, a relevé la nécessité de la prise en considération de cette « évolution » dans la mise en place notamment de la politique de la santé. M. Brouri a noté, dans son intervention, les difficultés d'accès aux soins des personnes âgées. Cette frange de la population vit dans des conditions précaires. Les membres de l'association Ihsane ont dénoncé les conditions de vie dans les centres de vieillesse où personnes âgées et malades mentaux se côtoient. Le représentant du ministère des Affaires religieuses a « rappelé » les préceptes de l'Islam envers les personnes âgées. « L'abandon des personnes âgées n'est conforme ni aux recommandations de notre religion ni à l'esprit de nos us et coutumes », a-t-il indiqué. « Placer le père dans un centre était une honte pour la famille », rappelait Me Ali Haroun, ancien ministre et avocat. Pour faire face à ce phénomène « étranger à notre société », le ministère des Affaires religieuses préconise, entre autres, la création d'un Conseil national des personnes âgées. Le département de M.Ghlamallah appelle, aussi, à une concertation impliquant les structures religieuses, les écoles et les médias. Par ailleurs, l'envoyé du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Messaoud Lakhelaf, a fait savoir que son département gère 36 établissements d'accueil de personnes âgées. Selon lui, le ministère attribue un budget de 30 millions de dinars annuellement pour chaque établissement qui accueille entre 100 à 200 personnes. Une commission ministérielle se charge, selon lui, d'élaborer un programme d'action pour « la protection sociale de personnes âgées ». Des aides mensuelles de 1000 DA sont également attribuées par le département de Djamel Ould Abbas à cette frange de la population. Mme Ouled Ali, représentante du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, a révélé la mise en place d'un nouveau dispositif pour la contribution de la prise en charge des personnes du 3e âge, notamment les retraités handicapés qui ont besoin de l'aide d'une personne, les retraités âgés de 70 ans et plus et ceux qui souffrent de l'isolement. « Jusqu'à maintenant, près de 70 000 visites ont été effectuées aux domiciles des retraités afin d'identifier leurs besoins, les prendre en charge ou les orienter », a-t-elle indiqué. Le nouveau dispositif consiste en la généralisation de la carte du tiers payant, la prise en charge des cures thermales et de l'appareillage et la création de guichets réservés aux vieux dans les agences postales. Le représentant de la direction de la santé de la capitale a dévoilé un projet d'hôpital de gériatrie (traitement des maladies dues au vieillissement), d'une capacité de 100 lits, qui sera réalisé à Draria. A l'issue des travaux de cette journée, des recommandations ont été formulées. Sur le plan réglementaire, les participants ont noté qu'il faut « définir le cadre législatif et réglementaire, voire le cadre légal sous lequel nulle action ne serait valablement initiée par ou pour la personne âgée ». « Il est suggéré la création d'une caisse ou d'un fonds social de solidarité vieillesse de manière à assurer aux personnes âgées démunies une vie décente au double plan sanitaire et social », note-t-on. Les participants demandent enfin la revalorisation de la pension octroyée à la personne âgée, la réhabilitation des assistances sociales et les services sociaux communaux, la création de centres spécialisés en gériatrie, favoriser et développer les soins à domicile et la limitation du placement dans les foyers. Le bureau de l'association, présidée par Mme Chikhi, a adopté une résolution portant sur la préparation d'un avant-projet de charte sur les droits et les libertés des personnes du 3e âge qui sera remise aux autorités.