Les lenteurs dans l'ouverture de nouveaux services et l'acquisition des équipements nécessaires, font endurer le calvaire aux malades. Les malades atteints de cancer de la wilaya de Batna ainsi que ceux des cinq wilayas limitrophes (Tébessa, Biskra, El Oued, Khenchela et Oum El Bouaghi), censés être pris en charge par le centre anticancer (CAC) sont toujours dans l'attente de pouvoir être hospitalisés lorsque leur état de santé l'exige. Cette étape naturelle des soins n'est pas proposée par le CAC. Seul l'hôpital de jour de l'oncologie est en service. En effet, les patients viennent de tout l'Est algérien la matinée pour recevoir leur traitement, et sont renvoyés chez eux la même journée. Pour rappel, ce traitement consiste en la chimiothérapie : une injection de puissants produits chimiques dans le sang qui a des conséquences lourdes sur l'organisme humain. Selon Aïssa Madhoui, actuel directeur de la santé (DSP) par intérim, chargé du projet de réalisation du CAC et directeur du même établissement, tous les services futurs de cet établissement, proposeront un hôpital de jour. «C'est la direction à suivre concernant le traitement du cancer. On optimisera nos services pour qu'ils proposent dans la majorité des cas un soin du jour. C'est plus humain !», a affirmé notre interlocuteur lors d'un entretien accordé à El Watan, avant d'ajouter : «Le service des soins palliatifs sera ouvert le plus rapidement possible. On accueillera, à très courte échéance, les patients dans toutes les structures de santé, où ces soins d'accompagnement pourront être prodigués, comme l'hôpital de Barika.» L'approvisionnement en équipement médical maintes fois annoncé et l'ouverture des différents services du CAC sont au point mort et ce, après la visite de deux ministres de la santé en l'espace de quelques mois, et les directives émises lors de ces deux occasions. Toujours selon le DSP, 25% de l'enveloppe débloquée pour la réalisation et l'équipement ont été consommés. Chiffre étonnant, d'autant plus qu'on apprend auprès du même responsable que le versement de la première tranche qui engagerait la firme américaine Vaillant, titulaire du marché des trois accélérateurs de particules nécessaires à la radiothérapie, à les livrer en 60 jours, n'a pas été fait. «On vient d'obtenir l'ouverture de la lettre de crédit, qui nous permettra de faire les versements bancaires», a-t-il justifié, ajoutant qu' «on n'a pas l'habitude des marchés internationaux, la procédure pour importer des accélérateurs de particules ou une marchandise ordinaire est la même». Concernant le retard accusé dans l'achat des autres types de matériels, Aïssa Madhoui pointe du doigt la lourdeur de la bureaucratie algérienne. Selon lui, une petite mention manquante, spécifiant le type d'équipement médical, est à l'origine de ce retard. En outre, le CAC n'a toujours pas de propre budget. Il fonctionne aux dépens du centre hospitalo-universitaire (CHU) Touhami Benflis. Une simulation de budget a été proposée pour l'année 2013, mais elle n'est toujours pas accordée. «Nous avons préféré ne pas faire comme d'autres qui n'ont pas consommé l'enveloppe initiale et ont obtenu le budget. Une rallonge budgétaire est prévue pour le CHU, ça n'aura aucune répercussion sur son bon fonctionnement», a-t-il dit. Par ailleurs, le CAC sera, aujourd'hui, un point d'arrêt important lors de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, aux faux airs de troisième inauguration. Cette dernière sera peut-être une occasion pour pallier à tous ces problèmes non sans conséquences sur la vie des patients. Car, à titre d'exemple, les patients sont redirigés vers d'autres services et d'autres hôpitaux pour leur hospitalisation. Dans les conditions actuelles, l'ouverture du CAC ne constitue qu'un gain d'espace pour les malades traités pour un cancer. La liste d'attente des personnes nécessitant la radiothérapie atteint les 20 000 cas, alors que la loi de la procédure prime toujours sur des vies humaines.