La France n'a pas vocation à être le gendarme de l'Afrique et à intervenir chaque fois qu'un pays est en difficulté, affirme-t-on de source autorisée. Paris. De notre correspondante
Toutefois, «la France va continuer d'aider le continent africain à lutter contre le terrorisme, notamment l'Afrique de l'Ouest», a déclaré, hier, le président François Hollande, au lendemain des attaques perpétrées contre une base militaire nigérienne à Agadez et une mine d'uranium de l'entreprise française Areva à Arlit qui ont fait une vingtaine de morts. Les forces spéciales françaises sont intervenues hier matin à Agadez, dans le nord du Niger, pour y faire cesser la prise d'otages qui avait démarré jeudi après un attentat suicide, a annoncé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. «A l'heure où je vous parle, la situation est stabilisée, en particulier à Agadez, où nos forces spéciales sont intervenues en soutien des forces nigériennes à la demande du président Issoufou», a indiqué le ministre, interrogé à la mi-journée par BFMTV, après le discours du président François Hollande devant l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) à Paris. «L'objectif (des terroristes, ndlr) était que le Mali devienne un sanctuaire islamiste, ça ne le sera pas. Il faut maintenant éviter qu'il y ait, soit au Nord-Niger, soit dans une partie du Tchad, des risques identiques», a-t-il conclu, qualifiant la région du Sahel de «zone d'instabilité». La veille, François Hollande avait déclaré que Paris appuierait «tous les efforts des Nigériens pour faire cesser la prise d'otages» à Agadez et «anéantir» le groupe terroriste. «Il ne s'agit pas d'intervenir au Niger comme nous l'avons fait au Mali, mais nous aurons la même volonté de coopérer pour lutter contre le terrorisme», avait déclaré François Hollande, en marge d'une visite à Leipzig, en Allemagne. «Nous resterons au Mali et autour du Mali», a déclaré François Hollande après les attentats terroristes au Niger «où nos intérêts ont été directement visés, où des Nigériens, parce qu'ils nous avaient appuyés, soutenus, ont été lâchement assassinés». «C'est une preuve supplémentaire que le combat que nous engageons contre le terrorisme est un combat dans lequel tous les pays doivent à un moment ou à un autre être partie prenante dès lors qu'ils portent les valeurs qui sont les nôtres», a-t-il poursuivi lors de son discours à l'Institut des hautes études de défense nationale. «Le terrorisme s'en prend à nos ressortissants, frappe nos intérêts et outrage partout nos valeurs», a encore indiqué François Hollande. La coopération avec l'Algérie est essentielle, estime Paris Les autorités françaises se montrent très préoccupées par l'absence d'autorité et d'Etat dans le Sud libyen, pour ne pas dire dans le pays dans son ensemble. Il semblerait que le sud de la Libye soit devenu une zone de regroupement des groupes terroristes agissant au Sahel, le groupe qui a mené les attaques contre le Niger serait venu du sud de la Libye, selon des informations non confirmées officiellement. En Libye, «l'instabilité menace non seulement les voisins immédiats de ce pays ami, mais aussi l'Europe toute proche», a indiqué François Hollande, lors de sa présentation de la politique de défense de la France, hier matin, à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Les offres de coopération faites par Paris à Tripoli rétablir la sécurité n'ont pas abouti faute d'administration… Quant à l'Afrique, «elle est confrontée, malgré un développement incontestable, à une insécurité grandissante», a ajouté François Hollande après avoir souligné que «les révolutions arabes qui avaient suscité de grands espoirs soulèvent désormais de légitimes inquiétudes». Paris estime que la menace terroriste dans la région subsaharienne est extrêmement sérieuse. Et de considérer que la coopération en matière de lutte antiterroriste avec l'Algérie est essentielle, rappelant combien l'aide d'Alger à l'intervention française au Mali a été «capitale». «C'est de notre intérêt et de celui de l'Algérie» de maintenir cette coopération. Aussi «le développement du dialogue avec Alger est nécessaire».