Le groupe canadien SM International Construction, retenu pour construire le siège d'Air Algérie, après maintes tentatives infructueuses, se tourne vers l'arbitrage international. Le groupe canadien SM International Construction, qui a obtenu le marché de réalisation, à Bab Ezzouar, du nouveau siège social de la compagnie Air Algérie, s'est orienté vers les tribunaux internationaux pour faire valoir ses droits sur la compagnie aérienne publique. Cet ultime recours intervient suite à une fin de non-recevoir qu'oppose la direction d'Air Algérie aux doléances du groupe SMI, qui, à mi-chemin, voit ses charges s'alourdir, remettant en cause les clauses contractuelles, mais surtout sans la moindre contrepartie financière. Après plusieurs tentatives, vaines, de régler le différend à l'amiable, l'arbitrage international a été enfin sollicité le 26 avril dernier par SM International Construction pour faire valoir ses droits. Air Algérie vient ainsi de s'ajouter à la longue liste des entreprises algériennes traînées par leurs partenaires devant les juridictions commerciales étrangères. Alors qu'Air Algérie s'accrochait jusqu'ici inlassablement à ses reproches selon lesquels la société canadienne s'enlisait dans des «retards d'exécution», SMI oppose, elle, la carte de «l'attitude hésitante» du maître d'ouvrage, Air Algérie en l'occurrence. Explications : après plusieurs mois d'attente faute de plans d'exécution, le chantier n'a pu se mettre en place que le 15 octobre 2011, alors que le contrat a été signé en février 2011 et la notification de démarrage des travaux n'a eu lieu qu'en juin 2011. Une fois les clés du chantier remises à SMI, les déboires n'ont pas cessé de s'accumuler, puisque l'entreprise canadienne a été appelée à planter les jalons sur l'enceinte du blindage construite préalablement par le maître de l'ouvrage et dont les défauts sont insurmontables, avec un fond de fouille abandonné pendant 2 ans à l'air libre. Cette affaire rappelle, faut-il le souligner, le scandale du projet de ligne ferroviaire reliant Annaba à Skikda, attribué en 2006 au groupement OHL-Infrarail et dont les travaux ne sont qu'à 30% de réalisation en 2013, faute d'une implication sincère du maître d'ouvrage et des autorités locales. Pour le cas de SMI, alors que le contrat est arrivé à son terme le 7 mai, l'entreprise canadienne s'est vu reprocher «un énorme retard dans la réalisation», alors qu'elle était victime, comme bon nombre d'intervenants étrangers, de la bureaucratie algérienne. Le comble est que les travaux réalisés à ce jour ont été financés sur fonds propres de l'entreprise, sans paiement des acomptes sur approvisionnement ni sur travaux supplémentaires. Ce qui s'avère complètement contradictoire avec l'article 60.1 du contrat. Une petite lueur a jailli, le 25 février dernier, de l'actuel immeuble abritant les locaux d'Air Algérie, jour du paiement du premier acompte à l'entreprise canadienne depuis son implantation en Algérie. Mais cette lueur ne saurait compenser toutes les pertes et les surcoûts générés par la remise en cause des plans initiaux du projet. Car les plans d'aménagement intérieur ont été revus de fond en comble par le maître d'ouvrage. Alors que l'entreprise s'applique à corriger les défauts de construction faits par le maître d'ouvrage, elle se voit destinataire, entre juin 2012 et février 2013, des plans d'aménagement intérieurs en version revue et corrigée ainsi que les plans du système de désenfumage, soit trois mois avant la fin des délais contractuels prévus en mai 2013. Face à ce ralentissement à répétition dans lequel s'investissait le maître d'ouvrage, comme ce fut le cas dans d'autres projets structurants, SMI n'a eu de choix que d'arrêter le chantier le 2 mai 2013, en attendant un règlement à l'amiable du différend. Cependant, Air Algérie ne l'entendait pas de la même oreille et oppose une fin de non-recevoir aux requêtes de SMI, qui demande «le respect des clauses du contrat». Au bout du compte, l'arbitrage international a été sollicité contre Air Algérie. Sollicité par nos soins afin de donner son avis sur cette question, le PDG d'Air Algérie était injoignable.