Rencontré aux assises internationales de l'ORL, tenues jeudi et vendredi derniers à l'hôtel Novotel de Constantine, le professeur Louis Crampette du CHU de Montpellier, a bien voulu nous accorder un entretien sur certaines pathologies prises malheureusement trop à la légère, selon les spécialistes présents à cet événement, organisé par l'Association nationale des ORL libéraux, représentée par le docteur Abdelhak Mahdjoubi. -Quelles sont les causes du ronflement ? Beaucoup de personnes pensent que le ronflement provient uniquement du nez, suite à une obstruction nasale qui joue effectivement un rôle favorisant le ronflement. Toutefois, il y a d'autres causes aussi importantes, sinon plus, localisées au niveau du pharynx, autrement dit des amygdales, du voile du palais et de la luette. -Un chiffre pour illustrer son impact sur la population. On estime que le ronflement affecte environ 30% de la population générale, un chiffre qui augmente en fréquence au fur et à mesure qu'on avance dans l'âge. Il est beaucoup plus important chez les hommes et ce phénomène est largement favorisé par le surpoids, la consommation de cigarettes, d'alcool et de somnifères. La tranche d'âge la plus affectée se situe entre 30 et 50 ans. Au-delà, s'il n'a pas été traité, le ronflement est accepté et on ne s'en occupe plus. -Existe-t-il des traitements efficaces contre le ronflement ? La première chose qu'on doit faire pour lutter contre cette maladie est de se demander, sur le plan médical, s'il n'y a pas un syndrome d'apnée du sommeil associé. -Ce qui signifie en d'autres termes ? L'apnée du sommeil est un blocage des parois du pharynx et il faut savoir qu'un tel blocage, s'il dure plus de 10 secondes, génère une apnée du sommeil et si celle-ci survient à une fréquence supérieure à dix fois par heure, on ne parle plus de nuisance sonore mais bel et bien d'une maladie appelée syndrome d'apnée du sommeil responsable d'une fatigue le matin au réveil suivie de symptômes et de dérèglements beaucoup plus sérieux. -Que faire pour combattre ce syndrome? S'il s'agit d'un patient fragile souffrant de surpoids, d'hypertension artérielle et réunissant des facteurs de risque cardiovasculaires avec une fréquence élevée par heure (plus de 10 apnées), le traitement à prescrire dans un premier temps est un traitement ventilatoire, c'est-à-dire le placement d'un masque sur le nez, lequel délivrera une pression d'air légèrement positive. Ce traitement crédité de très bons résultats est parfaitement supporté par le patient qui n'a besoin d'aucune assistance pour placer ce masque qu'il doit garder plus de 4 heures par nuit. -Y a-t-il d'autres traitements ? Il existe des traitements chirurgicaux en cas d'obstruction des amygdales, du nez ou du voile du palais. Si les amygdales sont trop volumineuses, elles seront enlevées. Si le voile du palais est trop long il sera raccourci et si le nez est obstrué, l'intervention se fera au niveau de la cloison nasale ou des cornées. -Que doit-on faire en cas de ronflement simple ? Il existe, face à des ronflements simples, des traitements consistant à placer, en cas de bonne dentition, une espèce de protège dents qui fait avancer les dents du bas par rapport aux dents du haut, ce qui fait automatiquement avancer la langue et le voile du palais. Malheureusement, un tel procédé ne peut être appliqué aux porteurs de prothèses dentaires.