Une manifestation colorée. Des milliers de Parisiens ont battu la pavé hier après-midi pour dénoncer le projet de loi de Nicolas Sarkozy sur l'immigration. A l'appel du collectif Uni(e)s contre une immigration jetable, des milliers de manifestants ont marché pour protester contre l'instrumentalisation des immigrés. De nombreuses organisations ont pris part à la marche qui s'est déroulée entre République et Palais royal. Les Verts, le Parti communiste et le Parti socialiste ont appelé leurs militants à rejoindre la manifestation. Pour Catherine Teulé, vice-présidente de la Ligue des droits de l'homme (LDH), ce projet de loi « est une façon de présenter l'étranger comme un poids, comme un gêneur, source de nombreux maux dans notre pays, c'est un vrai projet xénophobe ». Le secrétaire général de la Cimade, Laurent Giovannoni, voit dans ce nouveau projet une nouvelle fragilisation des immigrés. « Le projet Sarkozy va précariser et fragiliser les étrangers déjà présents en France en bloquant les possibilités de régularisation, les gens vont rester dans des situations précaires », explique-t-il. Des dizaines de manifestants d'origine algérienne ont participé à la marche. Derrière une banderole, « Nous sommes tous des enfants d'immigrés », Ali et Hocine ne cachent pas leur colère. « Il faut rappeler à Nicolas Sarkozy qu'il est un enfant d'immigré comme nous. Aujourd'hui, avec ses différentes lois, son propre père n'aurait pas eu peut-être le droit de rentrer en France. Pour que les étrangers aiment la France, il faut leur offrir la possibilité d'y vivre dignement et arrêter de montrer du doigt les immigrés », s'indigne Ali, Français de troisième génération, selon sa propre définition. Hocine, lui, est sceptique sur les promesses électorales des ténors du Parti socialiste. « Ils ont eu nos aînés et nos pères par leurs promesses. Vont-ils récidiver aujourd'hui ? Franchement, c'est possible. Laurent Fabius et Jack Lang promettent qu'ils vont régulariser tous les sans-papiers. On verra en 2007 s'ils gagnent. » Le projet de loi sur l'immigration, très restrictif, sera présenté mardi à l'Assemblée nationale. L'Eglise et les associations humanitaires s'inquiètent déjà sur les conséquences de cette loi si elle venait à être entérinée. Les représentants de l'Eglise, reçus hier par le Premier ministre, affirment avoir eu des assurances sur des amendements des points les plus controversés.