Les décideurs économiques français et algériens semblent aujourd'hui vouloir donner aux accords, conclus au plus haut niveau entre les deux pays, un nouvel élan dans le sens de la concrétisation. Un mémorandum portant sur la création d'un Comité économique franco-algérien (Comefa) a été en effet signé, hier à Alger, par Cherif Rahmani et Nicole Bricq, ministre française du Commerce extérieur, à l'occasion de la tenue d'un forum de partenariat organisé conjointement par l'Agence française pour le développement international des entreprises (Ubifrance) et le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements. Lors d'un point de presse organisé en marge du forum, les deux ministres sont revenus sur les objectifs assignés à ce comité, en indiquant qu'il sera appelé à concrétiser tous les projets de partenariat conclus entre les deux pays. «Ce partenariat doit être industriel et productif et refléter la Déclaration d'Alger (signée en décembre dernier) qui n'est pas un simple bout de papier», a précisé Nicole Bricq. Pour elle, «les sociétés françaises doivent renforcer leur présence en Algérie, un pays qui doit redevenir une destination naturelle pour les entreprises», d'autant que le défi est, selon elle, «commun aux deux parties, à savoir diversifier l'économie des deux pays». Et de préciser aussi que «l'Algérie n'est pas un marché et ne peut pas être que cela». Cherif Rahmani, qui n'a pas manqué, lui non plus, de mettre en avant ce concept, dira pour sa part qu'«il ne faudrait plus considérer le Sud comme un distributeur agréé ou un showroom pour les entreprises du Nord». C'est pourquoi, il est temps, aujourd'hui, d'aller vers «une mutualisation des efforts et de donner un sens aux relations économiques entre les deux pays». Selon lui, l'installation d'un comité économique, composé de plusieurs ministres algériens et français, présidé par Jean-Louis Levet, un économiste conseiller auprès du Commissaire général à l'investissement, répond justement à ce souci en ce sens qu'il sera amené «à définir concrètement la stratégie à suivre en matière de partenariat, à identifier les projets et les filières prioritaires, à instaurer une veille technologique, à soutenir les entreprises pour éviter tout éventuel contentieux et à évaluer périodiquement les actions entreprises des deux côtés». Concernant les mesures à même d'inciter les entreprises étrangères à venir s'installer et investir en Algérie, M. Rahmani a annoncé que son département a préparé un nouveau code des investissements qui sera prochainement soumis au gouvernement. Selon lui, l'esprit de ce nouveau code sera principalement orienté vers les mesures à même de «privilégier l'acte d'investir». Le principe des 51/49% sera-t-il maintenu ? Le ministre n'en dira pas mot, mais assure que ce texte apportera «une plus grande visibilité et une plus grande stabilité pour les entreprises, qu'elles soient privées, publiques, nationales ou étrangères». Selon lui, ces mesures, qui seront rendues publiques prochainement, ne manqueront pas «d'instaurer un meilleur climat incitatif et favorable au travail des entreprises». La ministre française du Commerce s'est réjouie d'apprendre cette nouvelle, elle qui a appelé dans son discours à «relativiser le contentieux économique existant entre les deux parties et d'essayer de trouver, à chaque fois, un compromis». Elle a rappelé, à cet effet, que le travail fait par l'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, «a aplani beaucoup de problèmes», bien qu'«il en reste quand même quelques uns». Mais quoi qu'il en soit, les entreprises françaises devraient aujourd'hui, selon elle, «saisir les opportunités qui s'offrent devant elles en Algérie». «Il est inconcevable que les sociétés françaises ne participent pas, par exemple, au programme algérien de construction de logements», a-t-elle regretté. La ministre a annoncé à ce propos la venue de «deux majors français de la construction», dont Bouygues Construction, et de quatre autres PME spécialisées dans le bâtiment et l'aménagement urbain. Mme Briqc a enfin rappelé que l'année 2012 a permis de dépasser un nouveau record – 10,3 milliards d'euros –des échanges commerciaux entre les deux pays. La France confirme ainsi sa place de premier partenaire avec 6,4 milliards d'euros d'exportations vers l'Algérie. Pour les entreprises françaises, l'Algérie est la troisième destination mondiale hors OCDE, la première pour l'ensemble du continent africain.