Emballement. A l'unisson, les médias français, les plus influents d'entre eux, consacrent de larges espaces de leurs colonnes à la nouvelle situation politique algérienne suite à la longue absence de Bouteflika. «Algérie, comment préparer l'après-Bouteflika ?», s'interroge le quotidien du soir Le Monde, pendant que Le Figaro, sous la plume du diplomate Denis Bauchard, se demande «L'après-Bouteflika a-t-il commencé ?» De son côté, Libération, proche des socialistes au pouvoir, se place dans la phase de la succession et sonde désormais sur les potentiels successeurs. «Après Bouteflika, qui sortirait du képi ?», titre l'analyse signée Jean-Louis Le Touzet. «Toujours pas la moindre image du Président un mois après son hospitalisation au Val-de-Grâce puis en convalescence aux Invalides. Les rumeurs les plus alarmantes sur son état de santé s'entrechoquent avec les plus rassurantes distillées par son entourage proche. Peut-on d'ores et déjà parler d'une succession ? Que trahit cette absence de communication à la tête du pouvoir ?», écrit Libération. Pour sa part, Jeune Afrique est presque catégorique en affirmant que «l'après-Bouteflika a commencé». Réputé pour ses rapports pour le moins funambulesques avec le régime algérien, il assène : «Que l'échéance soit dans quelques semaines ou dans quelques mois, l'après-Bouteflika, théâtre d'ombres dans un pays où l'opacité confine à la religion d'Etat, a bel et bien commencé.» Le Nouvel Observateur, lui, ose la question : «Le pays a-t-il préparé l'après-Bouteflika ?» Depuis que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a été transféré de l'hôpital militaire Val-de-Grâce aux Invalides, le 21 mai dernier, sur fond de polémique sur son état de santé, la presse étrangère, française particulièrement, s'emballe. Restés «silencieux» dès le lendemain l'hospitalisation de Bouteflika le 27 avril passé, les médias français, usant d'un ton presque certain, ont brusquement braqué leurs projecteurs sur Alger, qui «prépare l'après-Bouteflika», faisant écho aux journaux algériens qui ne cessent de réclamer plus de clarté dans la gestion de la crise régnante et surtout de lever le flou sur l'avenir politique du Président. La presse française s'intéresse depuis quelques jours remarquablement à la succession de Bouteflika. Le black-out est de rigueur. Pris de court, les décideurs semblent gagner du temps, ou plutôt sont engagés dans une course contre la montre pour trouver une sortie sans dégâts, alors que l'opposition, avec ses différentes variantes, vocifère en exigeant que la vacance du pouvoir soit déclarée. La longue période d'hospitalisation du président Bouteflika en France – 35 jours – commence à susciter des questionnements tant médiatiques que politiques. La phrase lâchée, hier, par le président français, François Hollande, est on ne peut plus claire : «J'espère un retour le plus vite possible dans son pays !» Abdelaziz Bouteflika devient-il pour Paris un patient encombrant ?