20 538 tonnes de déchets d'activités de soins à risque infectieux sont générées par an. La gestion et le traitement de ces déchets demeurent encore problématiques, selon les spécialistes. La gestion des déchets d'activités de soins à risque infectieux (DASRI) demeure un sérieux problème pour ceux qui les produisent, en l'occurrence les hôpitaux, les cliniques et les laboratoires d'analyses médicales. Une batterie de textes législatifs orne le Journal officiel sans pour autant que des solutions définitives et radicales viennent mettre un terme à cette immense bombe à retardement. Le premier séminaire sur la gestion et le traitement des déchets d'activités de soins à risque infectieux, organisé hier à l'hôtel El Djazaïr par l'entreprise Stidest, spécialisée dans la collecte et l'incinération des DASRI, se veut un réel état des lieux de la gestion, la collecte et le traitement de ces déchets hospitaliers, qui constituent aujourd'hui un risque accru pour l'environnement et la santé publique. Durant des années, les hôpitaux ne disposaient que de brûleurs de ces déchets non conformes ni sécurisés, qui, non sans savoir, étaient à l'origine d'une énorme pollution. Des efforts ont été évidemment consentis afin de mettre en place des machines plus sécurisées, mais cela demeure encore un sérieux problème pour les gestionnaires des établissements de santé. Les quantités sont de plus en plus importantes et leur gestion ainsi que leur traitement deviennent de plus en plus complexes. Ce n'est qu'en 2011 que le premier agrément a été donné à une entreprise privée pour le traitement de ces DASRI, alors qu'un plan national de gestion des déchets spéciaux et dangereux existait déjà en 2002, mais qui n'a apporté aucune solution. Au contraire, signale le professeur Ould Rouis, président de l'Association des laboratoires privés, les autorités étaient plutôt restrictives envers les responsables, sans pour autant apporter de solutions, alors que la production des déchets est l' affaire de tous. «Comment peut-on concevoir un plan national en aval sans avoir des solutions en amont à tous les problèmes rencontrés dont le stockage, sa durée et l'incinération ?», a tenu à préciser le Pr Ould Rouis, avant d'appeler à une concertation élargie des autorités avec les gens du terrain qui font face tous les jours à toutes ces difficultés. «La gestion des DASRI dans un laboratoire de biologie médicale n'est pas une mince affaire», a-t-il insisté. Il y a des mécanismes à mettre en place afin de pouvoir éviter des contaminations à grande échelle. Il signale que les choses se sont améliorées ces dernières années en matière de collecte et de destruction des déchets, mais certains problèmes restent encore posés. «Il y a lieu de revoir la durée de stockage qui est fixée à 48 heures pour ceux qui n'ont pas d'incinérateur, car la production des déchets passe de 1 kg à 3 kg par semaine dans ces établissements. Il serait plus judicieux de prolonger ce délai pour mieux gérer la collecte pour ceux qui viennent récupérer les DASRI», a-t-il proposée avant d'appeler à une grande réflexion sur le sujet afin de trouver des solutions alternatives. Le Pr Ould Rouis recommande la création d'un centre de stockage agréé par l'Etat pour faciliter justement tout le travail qui doit être effectué autour de la gestion et du traitement des DASRI. Pour la représentante du ministère de l'Environnement, Karima Smadhi, de nombreuses directives et arrêtés ministériels sont aujourd'hui mis au point afin d'assurer une meilleure gestion des DASRI. «Depuis 2001, la loi a été promulguée et d'autres textes sont venus renforcer la législations pour une meilleure gestion de ces déchets hospitaliers», a-t-elle souligné, avant de préciser que 10 agréments pour des entreprises de collecte ont été délivrés. Elle rappelle que 276 incinérateurs sont actuellement installés dans les établissements de santé et 5 centres privés répartis entre Constantine,Ouargla, Oum El Bouagui, Oran et Alger sont agréés par le ministère de l'Environnement. Quant aux quantités générées, Mme. Smadhi a précisé qu'il s'agit de 20 538 tonnes par an. Elle signale que 227 tonnes de DASRI sont stockés chaque jour et seulement 15 522 tonnes sont éliminés par an. Pour ce qui est de la gestion des DASRI dans les hôpitaux, le docteur Touhant a tenu à préciser que de nouvelles instructions ont été adoptées pour la gestion de la filière d'élimination ces déchets, la dernière en date le 12 mai 2013, a-t-il souligné, qui lève l'obligation faite aux cliniques d'être dotés d'incinérateurs. Le docteur Benachnou est, lui, revenu sur l'utilisation rationnelle des médicaments et la culture de l'incinération.