Les tickets du spectacle de vendredi soir au Théâtre national Mohamed V de Rabat, Maroc, ont été tous vendus, deux jours auparavant. Sold out ! Et pour cause ! La fameuse formation d'El Gusto s'y produisait. C'est dire la notoriété dont jouit cet orchestre chaâbi. La scène dite de «Découvertes» du Festival Mawazine : Musiques du monde s'étant déroulée du 24 mai au 1er juin, celle du Théâtre national Mohamed V a affiché complet. Une fébrilité ! Un concert événement de la formation El Gusto dont toute la ville parlait. Le bouche à oreille aidant. Le public comptait une importante présence d'Algériens, Français, Espagnols, Américains… Les vieux papys du chaâbi qui font de la résistance ont assuré et goupillé un récital grandiose gorgé du soleil de La Casbah, empli de chaleur, de générosité et surtout de tolérance. Car l'ensemble El Gusto réunit des musiciens et chanteurs algériens et français, musulmans et juifs que l'histoire a séparés depuis 50 ans. Un Buena Vista Social Club algérois et algérien découvert et popularisé par Safinez Bousbia, réalisatrice algéro-irlandaise. El Gusto, son acception ? C'est le feeling et la bonne humeur caractéristique au chaâbi. Une magie, un univers, une atmosphère, une nostalgie dans l'air (et la chanson). Du coup, l'on est porté et transporté par le chaâbi. Un voyage d'une grande mélomanie. Destination Alger. La Casbah ! Le giron natal du chaâbi. Aussi, l'auditoire averti, s'est vu offert une belle prestation d'El Gusto. Un concert unplugged, seated (assis), acoustique, choral et orchestral animé par une formation de 18 musiciens et chanteurs de têtes chenues comme Abdelkader Chercham, Cheikh Liamine, Robert Castel, Luc Cherki, Abdelmadjid Meskoud, Rachid Berkani ou encore Mohamed Ferkioui. Et ce, sous la direction de «Petit Moh». La version live, vivante et éponyme du film El Gusto, a décliné des titres comme Hakmet, El Haraz, Chahlat Laâyani, Lirah Iwali, Lahmam, Rah El Ghali Rah, Fettouma, Kahawa Ou Latay, O Français de France et Mazal Hay Mazal, interprétés par Robert Castel, ou encore Je suis pied-noir par Luc Chekri. Ainsi que Ajini Ajini au rythme marocain festif et extatique. Une invitation à danser ! En guise de bouquet final, Ya Rayah du regretté Dahmane El Harrachi. Là, tout le monde se lève, vibre, bat la mesure, danse et chante en un par «cœur» les paroles. Manar de Rabat, 25 ans, ingénieur en informatique était subjuguée par le concert d'El Gusto : «Je suis spécialement venu pour cette formation. J'aime le chaâbi. Je trouve qu'il y a des similitudes entre le chaâbi algérien et marocain.»