La revue l'ivrEscQ est aujourd'hui à son 25ème numéro. Cette revue a le mérite de promouvoir la littérature et, par là même, de combattre les idées obscurantistes. Romancière, Nadia Sebkhi a surtout le mérite d'éditer une revue consacrée à la littérature, L'ivrEscQ qui en est aujourd'hui à près de 25 numéros. L'aventure n'a pas été de tout repos pour cette dame déterminée qui a fait de la promotion de la littérature un combat contre l'obscurantisme. Elle l'a maintes fois exprimé. Une fois encore à Oran sur invitation de l'Institut Français : «La défense de la littérature a été mon combat depuis 5 ans, à tel point que mes livres étaient restés dans les tiroirs. Je n'ai pas eu le temps de publier mes ouvrages car l'urgence était la promotion des auteurs algériens. C'était urgent que cette Algérie sorte des ténèbres par le verbe, la prose, la poésie, l'art, le cinéma.» Elle était venue présenter son tout dernier roman qu'elle a intitulé «Sanglots de Césarée» (Editions L. de Minuit) mais son discours a surtout tourné autour de la revue et, pour elle, sans fausse modestie, c'est le plus important. «C'était un pari et un défi en même temps, une passion pour le papier, le roman, les ouvrages», explique-t-elle. Revenue en Algérie à l'occasion de la tenue d'un salon du livre, elle a tout de suite remarqué que les supports médiatiques réservés à ce genre d'activités manquaient terriblement. «C'est vrai que les journaux en parlent, comme El Watan qui a une page régulière et un supplément culturel, mais il fallait un périodique comme support pour le livre et les écrivains, cette voix aphone !» Cependant, des écrivains, elle ne retient que les passionnés qui ont quelque chose à offrir à la vie. «Nous avons interviewé autant des prix Nobel, Goncourt que le commun des auteurs où même ceux qui ont publié à compte d'auteur», indique-t-elle pour expliquer ensuite que parler d'un livre n'est pas uniquement donner l'information mais marquer un temps d'arrêt pour écouter l'écrivain et saisir toute la complexité de son œuvre. L'intention est bonne mais la réalité impose souvent ses règles. «Après trois numéros, j'ai failli abandonner mais, pour ce que j'ai donné, je me suis dis : ‘' je vais jusqu'au bout''. Par miracle, l'aventure n'a pas été interrompue. C'est peut-être les cieux qui m'ont aidée ou tout simplement la foi qui consiste à croire profondément en quelque chose», médite-t-elle en ayant une pensée pour les abonnés lecteurs qui l'ont aidée à poursuivre son combat. «Les gens peuvent se vanter, se mettre en avant du fait que les universités les invitent mais moi, je m'en fous des bestsellers, de ceux qui se mettent en avant. Ce n'est pas ma personne ni mes livres que je mets en avant. On avait envie d'installer la littérature algérienne et c'est pourquoi je n'ai pas fait la promotion de mes propres livres». De son tout dernier, elle en donne quelques clés. «Sanglots de Césarée qui était en gestation, je l'ai écrit et réécrit pendant 9 mois et le résultat a été un mélange subtil de douleur, de noirceur, de miasmes de la vie, de la beauté aussi car je tangue entre le beau et le laid, entre la perfidie et l'immensément grand, entre l'hypocrisie de la bêtise et l'élévation… L'histoire se déroule à Cherchell où j'ai fait un reportage quand je collaborais avec une revue. C'est la ville d'Assia Djebbar, c'est la cité romaine mais aussi la capitale du royaume de Juba II et de Cléopâtre Séléné. Toute une beauté devenue presque invisible, effacée par les années de la perfidie», indique Nadia Sebkhi qui se décrit plutôt comme une femme de l'ombre.