Lors d'une réunion tenue récemment au siège de l'INPV de Mostaganem, les représentants de l'ONILEV et des producteurs de pomme de terre ont fait étalage de nombreuses divergences. Elles portent sur les volumes récoltés, sur les surfaces plantées et sur le volume proposé au soutien, soit 1 000 tonnes, que les fellahs jugent dérisoire. La mévente qui obstrue le marché de la pomme de terre et qui oblige les producteurs à vendre à perte serait sur le point d'être contenue. En effet, suite à la parution d'une enquête (El Watan du 5-05-2013) sur l'effondrement du marché, une délégation de l'ONILEV est arrivée à Mostaganem et s'est entretenue avec les représentants de la filière en présence du directeur des services agricoles. La rencontre s'est tenue le 6 mai au siège de l'INPV à la Vallée des Jardins. Selon des sources concordantes, la rencontre n'a pas débouché sur un consensus à même de résoudre le problème de la saturation du marché et de l'effondrement sans précédent des prix qui oscillent entre 15 et 18 Da au niveau du marché de gros. Des prix qui mettent à mal les producteurs qui, non seulement, peinent à écouler leur production mais perdent de l'argent dans l'affaire. C'est pourquoi, face aux représentants de l'ONILEV – Office National Interprofessionnel des légumes et viandes, chargé de la régulation et de la commercialisation des produits agricoles de large consommation, avec en priorité la pomme de terre, l'oignon et les viandes rouges et blanches –, les responsables locaux de la chambre de l'agriculture et du Conseil national interprofessionnel de la filière pomme de terre (CNIF) ont tenté de convaincre leurs vis-à-vis de l'urgence que requiert la filière. Selon nos sources, des divergences profondes seraient apparues ; elles portent surtout sur les surfaces cultivées, le taux d'avancement de la récolte et les tonnages susceptibles d'être pris en charge par l'ONILEV. Sur les surfaces cultivées, les services agricoles auraient soutenu qu'elles s'élèvent à 8 500 hectares alors que pour le CNIF, elles seraient de 16 000 hectares, soit un écart de 7 000 hectares ! Pour rapprocher les points de vue, il a été fait appel aux tonnages de semences livrés par les importateurs aux fellahs de Mostaganem ; là aussi, les écarts sont effarants, l'administration parle de 16 000 tonnes tandis que les importateurs annoncent 40 000 tonnes ! Un chiffre excessif, selon nos sources qui avancent le chiffre de 20 000 tonnes. En réalité, toutes les parties n'ont pas tort, comme nous l'expliquera un fin observateur de la filière qui souligne que de nombreux fellahs de Mostaganem achètent plus que leurs besoins et se transforment en revendeurs. Pour lui, une bonne partie de la semence est ensuite cédée à des agriculteurs d'Aïn Defla, de Maghnia, de Mascara et d'Oued Souf. C'est pourquoi le chiffre de 20 000 tonnes ensemencées à Mostaganem ne paraît pas déraisonnable pour cet expert. Mais la controverse ne s'arrête pas là, puisque sur les superficies récoltées, les avis divergent grandement, les uns optant pour un taux de 30%, ce que contestent les représentants de la filière qui situent le taux d'arrachage à seulement 20%. Pour ce qui est de l'intervention de l'ONILEV afin de limiter la saignée, les propositions de cet organisme sous tutelle du ministère de l'Agriculture n'ont pas rassuré les fellahs. Sans fixer de date butoir pour son implication, l'ONILEV aurait promis d'actionner le Syrpalac à hauteur de 1 000 tonnes réparties entre les frigos de Magmos, d'Aïn Tédelès et de Mostaganem. Un volume qui est considéré comme totalement inapproprié par les fellahs qui rappellent que rien qu'à Magmos, les capacités en froid sont largement sous-utilisées. Mais derrière cette bataille des chiffres, il y a une autre réalité que certains n'hésitent pas à dévoiler, comme la teneur du stock que l'ONILEV situe à 54 000 tonnes alors que, selon d'autres sources, ce stock serait de 98 000 tonnes. Il y a également le cas de ce privé dont les chambres froides – d'une capacité de 3 000 tonnes – ne peuvent pas être sollicitées en raison d'un vieux litige avec Magmos. La seule note positive viendrait du prix d'achat de la récolte qui serait de 22 Da le kg. Quant au volume retenu par l'ONILEV, il est très loin de faire l'unanimité chez les professionnels, dont les représentants rappellent à tue-tête que 1 000 tonnes correspondent à la production de seulement 25 hectares !