L'approvisionnement du marché en quantités suffisantes de pomme de terre à des prix à la portée des citoyens est conditionné par l'augmentation de la production, conjuguée à une régulation de la filière. «Il n'y aura pas de quota de wilaya pour la production de pomme de terre. Les agriculteurs sont appelés à produire plus sans craindre un surplus de l'offre», a insisté, hier à Alger, Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. En présence des professionnels de la filière, lors de l'installation du Conseil national interprofessionnel de la filière pomme de terre (CNIF), le ministre a invité l'ensemble des intervenants à coordonner entre eux et à s'entraider afin d'augmenter la production et d'améliorer sa qualité. Les producteurs doivent fédérer également leurs efforts à travers des mutuelles agricoles car la filière commence à prendre de l'ampleur en réalisant une production d'une valeur de 130 milliards DA en 2012 et en faisant travailler une moyenne de 75 000 personnes (emplois directs et indirects). Annonçant l'arrivée de la nouvelle récolte, M. Benaïssa a rassuré que la pomme de terre est disponible en quantités au niveau des aires de stockage et son prix doit osciller entre 30 et 60 DA. Il saisira l'opportunité pour proposer aux agriculteurs de parvenir, dans le futur, à s'entendre sur un prix plancher, leur permettant de réaliser des bénéfices et de satisfaire la demande des consommateurs à des prix raisonnables. Contrairement aux années précédant la création du système de régulation Syrpalac, en 2008, la hausse de la production ne doit plus constituer une crainte car les agriculteurs ne risquent plus d'enregistrer des pertes en raison de la possibilité de stocker le surplus et l'écouler via le système de régulation. Les capacités de stockage vont encore progresser à la faveur du programme en cours de réalisation par l'entreprise algéro-serbe Frigomedit, relevant du portefeuille de la SGP Proda. Dans les prochaines années, les agriculteurs devront encore faire des efforts pour améliorer la qualité de la pomme de terre afin de répondre aux besoins industriels en matière de transformation et à long terme parvenir à exporter. La pomme de terre occupera plus de périmètres De son côté, Ben Allal Sahraoui, directeur général de l'Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev) a indiqué que la création du conseil devra insuffler une nouvelle dynamique à la filière. Cet espace de coordination et de concertation entre les différents intervenants de la filière regroupe notamment les producteurs, les établissements producteurs et les multiplicateurs de semences, les distributeurs d'intrants agricoles, les instituts techniques, les représentants de la SGP Proda et SGDA, la Caisse nationale de mutualité agricole et la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR). Certes, la production a pratiquement doublé en l'espace de quatre années passant de 22 millions de quintaux en 2008 à 42,2 millions de quintaux en 2012, mais la filière connaît encore des contraintes qu'il faudra résoudre à terme. Pour Bachir Seraoui, président du conseil, fraîchement élu, la filière a encore d'importants besoins en matière de modernisation à travers notamment l'utilisation des intrants, de semences certifiées et de suivi de l'itinéraire technique. «Plusieurs chantiers devront être rapidement ouverts comme celui de la production nationale de semences dont il faut améliorer le dispositif organisationnel, la modernisation de la mécanisation de la culture qui commence à poser de sérieux problèmes aux producteurs notamment pour les opérations de plantations et d'arrachage», a-t-il signalé. Les superficies consacrées à la pomme de terre doivent être étendues à de nouvelles zones dans le Sud et les Hauts-Plateaux. Cet objectif sera étudié lors d'une prochaine réunion qui se tiendra à Ouargla pour lancer un programme de développement de la production. Même si le système de régulation Syrpalac est «un acquis important» pour la filière, ses mécanismes nécessitent un perfectionnement continuel. L'installation du CNIF est, selon lui, «une nouvelle étape qui s'engage vers la consolidation des acquis de ces dernières années et à relever le défi du développement et de modernisation de notre filière».