Créer des opportunités de recrutement dans une wilaya confrontée à un tissu industriel des plus précaires, une agriculture désertée par les professionnels et des structures de contrôle en hibernation, est une tâche ardue. Le chômage endémique qui sévit depuis des décennies à Souk Ahras et dont on ignore le taux réel est perceptible à travers cette faune de jeunes oisifs qui arpentent les rues à longueur de journée. Créer des opportunités de recrutement dans une wilaya confrontée à un tissu industriel des plus précaires, une agriculture désertée par les professionnels et des structures de contrôle en hibernation, est une tâche ardue. Voici les propos d'un syndicaliste de l'entreprise des peintures de Souk Ahras (EPSA) à ce sujet : «Trois décennies après l'implantation du complexe lainier LASA, l'usine à papier (ex-SNIC) et notre usine, aucune entreprise publique n'a vu le jour à Souk Ahras. Les trois ont été touchées de plein fouet par la compression des effectifs des années 1990, et les contingents des travailleurs forcés au départ volontaire ou à la retraite anticipée en gardent des séquelles.» Ces usines dont une a été récupérée par l'ANP, ne recrutent que sous les formules du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) ou d'autres formes similaires. Idem pour la majorité des institutions publiques où l'on opte volontiers pour la politique de la carotte au bout d'une perche pour ces centaines de jeunes épris de justice dans l'offre de l'emploi. Seul le secteur du transport renaît de ses cendres et recrute des dizaines de chauffeurs et d'agents de maintenance parmi les sans-emploi de la wilaya, et ce n'est qu'après les efforts consentis exclusivement par les hommes dudit secteur que les entraves ont été aplanies pour sa relance. C'est Samia qui brise les verres pour déclarer à El Watan qu'elle fait l'objet de chantage au niveau de deux directions qui relèvent du secteur public. «Les postes d'emploi il y en a à Souk Ahras, les moyens de les créer aussi (….) mais si ce n'est pas de l'argent qu'on demande en contrepartie, c'est une sortie intime avec un responsable», a-t-elle confié. Des universitaires en pré-emploi ont tous affirmé qu'au moins trois directions qui relèvent de la fonction publique renvoient des postes proposés pour leur intégration aux directions générales et aux ministères de tutelle. L'une d'elle agit de la sorte depuis 2008. Une source proche d'une structure de contrôle locale a confirmé cette situation tout en expliquant la cause. «Nous avons affaire à des responsables qui tentent de favoriser une connaissance ou encore des gestionnaires qui ont peur de mal gérer l'opération de recrutement», croit-on savoir auprès de notre interlocuteur qui n'a pas nié l'existence de procédés malhonnêtes passibles de poursuites judiciaires chez certains directeurs. Ammar Berrig, le président du bureau de wilaya de la confédération générale des opérateurs économiques algériens (CGOEA) voit autrement le problème du chômage à Souk Ahras : «Nous avons de nouvelles mœurs: le circuit de la création des postes d'emploi qui va finir par dévoyer tous les objectifs. Dans la majorité des cas, des jeunes viennent demander, par le biais de l'Anem, leur inscription sur le registre de vos employés, sans plus. Peut-on recenser nos employés et avancer des statistiques fiables ? Peut-on parler de résorption du chômage quand l'officiel tolère l'informel? Ma réponse est non.» L'emploi et le logement sont la cause d'au moins une dizaine d'émeutes dans la wilaya depuis 2010. Il y a le feu à Souk Ahras.