La lainière de Souk Ahras (Lasa) est traversée depuis deux mois par un violent vent de discorde qui risque sérieusement, s'il n'est pas jugulé, de menacer le précaire équilibre du complexe. Tout a, en fait, commencé au lendemain de la circulation d'une motion de retrait de confiance mise en branle, le 6 mars dernier, par le collectif des travailleurs contre leurs représentants syndicaux. Le vide fonctionnel, qui s'est dès lors installé, amène la direction de l'entreprise à solliciter l'intervention de l'inspection du travail qui s'est aussitôt saisie du dossier. Un vote est alors organisé qui confirme la tendance affichée par les travailleurs. 323 voix se sont, en effet, prononcées pour la double dissolution de la section syndicale et du comité de participation contre 10 ayant opté pour leur maintien. Lundi dernier, l'Union de wilaya de l'Ugta, à son tour, sollicitée de s'engager, a présenté une liste de candidats aux nouvelles élections, sur laquelle figuraient les noms des anciens syndicalistes, déjà désavoués par leurs pairs. Illico presto, la liste est vite rejetée par les travailleurs au motif qu'elle incluait comme si de rien n'était les syndicalistes sus-évoqués, créant une agitation au sein du complexe. La tension est monté de plusieurs crans à cause d'interminables chamailleries autour de la représentativité syndicale, au sein de cette usine qui compte 400 employés. Dans la même journée, un débrayage improvisé a été engagé par les travailleurs qui se sont empressés de détruire la liste des candidats affichée à l'entrée du complexe lainier. Ces luttes intestines entre partisans de la section syndicale partante et d'opposants avaient failli dégénérer en bataille rangée, situation qui justifiera plus tard les critiques d'un responsable, quant aux objectifs des uns et aux visées des autres. Une source syndicale explique que «la situation de blocage est dictée par certaines injonctions extrasyndicales». Le moins qu'on puisse dire, c'est que le complexe lainier (Lasa), naguère la fierté de la wilaya, et qui est la seule unité de textile en Algérie à fabriquer le fameux tissu bi-élastique très prisé en Europe, sombre depuis des mois dans une lutte de leadership syndicale qui peut entraîner de lourdes conséquences.