Des sources sismiques en Méditerranée ou dans la partie offshore des côtes européennes pourraient générer des vagues de tsunami sur la côte algérienne. C'est ce qu'a indiqué Saïd Maouche, ingénieur au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag). S'exprimant lors d'un séminaire sur la géologie des zones internes en Algérie, organisé hier par le département des sciences de la terre et de l'univers de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, en collaboration avec la Société algérienne de géophysique, il a affirmé que «l'existence de sources tsunamigènes en Méditerranée occidentale se pose de manière accrue». Pour étayer son propos, M. Maouche a noté que le catalogue de la sismicité algérienne montre que des séismes ont généré des tsunamis aussi bien sur la côte algérienne (les séismes d'Alger de 1365 et Jijel le 22 août 1856) que celle des Baléares (les séismes de Jijel du 21 août 1856 et de Zemmouri du 21 mai 2003). «Le tremblement de terre de Boumerdès a provoqué des vagues de 1 à 2 m sur les côtes européennes», a tenu à rappeler le conférencier. S'appuyant sur des données historiques et géologiques, il a ajouté : «Le catalogue mondial des tsunamis montre que les côtes, de l'océan Pacifique en particulier, ont été souvent inondées par des vagues de tsunami de grande ampleur. Dans une moindre mesure, les côtes atlantiques, indiennes et aussi celles de la Méditerranée ont été le siège de tsunamis dans le passé. La distribution des tsunamis dans le Pacifique montre qu'ils sont concentrés le long des zones fortement actives de la même façon que les séismes. Ils sont générés, dans la plupart des cas, par des séismes qui produisent des déplacements verticaux importants du fond océanique ou marin. Le tsunami de Messine, qui s'est produit en 1908 dans le sud de l'Italie, entraînant la mort d'un millier de personnes, reste le plus documenté ; celui de 1956 en Grèce a occasionné également des dégâts importants dans l'île d'Amorgos (archipel des Cyclades). On peut aussi citer le tsunami de Lisbonne de 1755 qui a causé des milliers de victimes.» Selon Saïd Maouche, le risque de tsunamis liés à l'activité volcanique existe aussi en Méditerranée, notamment dans les îles Eoliennes, l'Italie et les îles des Cyclades en mer Egée, où le volcan Santorin aurait anéanti la civilisation crétoise. Intervenant le 9 juin sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le directeur général du Craag, Abdelkrim Yelles, a évoqué les risques de ces vagues engendrées par des séismes d'une magnitude supérieure à 6,5 sur l'échelle de Richter. «L'Algérie devrait être préparée pour les tsunamis car il existe des zones très basses qui peuvent être affectées par de petites vagues. Nos responsables devraient sérieusement penser à cette catastrophe en se référant aux expériences d'autres pays», a-t-il déclaré.