La technique de la biologie moléculaire permettra de déterminer le garde de la tumeur et savoir si elle est sensible à la chimiothérapie. Une équipe d'experts en neuro pathologie et neuro oncologie de l'hôpital Salpêtrière, a animé, hier, une conférence sur l'importance de la prise en charge des tumeurs cérébrales. Cette première rencontre de neuro oncologie a été organisée, hier, par la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM), en collaboration avec l'hôpital La Pitié Salpêtrière de Paris et le laboratoire El Kendi. Les spécialistes français de l'hôpital Salpêtrière, le professeur Marc Sanson, neuro oncologue, directeur de l'équipe INSERM-UPMC, le docteur Jean-Jacques Mazeron, chef de service de radiothérapie, le docteur Ahmed Idbah, neuro oncologue et chercheur à INSERME UPMC et la docteur Karima Mokhtari, neuro pathologiste, chercheur, experte et responsable du réseau de France de neuropathologie ont plaidé pour le développement des techniques de neuro pathologies pour améliorer les prises en charge des patients. De nouvelles techniques sont aujourd'hui adaptées pour assurer un meilleur diagnostic qui permettra une prescription adaptée. Pour Karima Mokhtari Rachedi, médecin neuro pathologiste à l'hôpital Salpitrière, membre de l'équipe de recherche en neuro oncologie expérimentale de l'Institut du cerveau et de la moelle (ICM) à Paris, coorganisatrice de l'événement, cette rencontre constitue la première étape de collaboration entre les deux rives de la Méditerranée. Le but, a-t-elle précisé, est d'améliorer la prise en charge des patients porteurs de tumeurs cérébrales. Il est aussi question, poursuit-elle, d'échange d'expériences professionnelles dans un esprit d'échange interdisciplinaire, d'autant que la neurooncologie fait intervenir diverses spécialités dont la neurochirurgie, l'oncologie, la radiothérapie, neuroradiologie et neuropathologie. Un domaine pour lequel le docteur Mokhtari est venue apporter son expertise. Elle signale que la neuropathologie a un rôle central et assure le diagnostic de certitude, l'histologie. «Les différentes avancées récentes en biologie moléculaire ont permis de mettre au point des techniques complémentaires qui donnent des informations supplémentaires sur le pronostic du patient», a-t-elle précisé avant de signaler que les gliomes, qui sont les tumeurs primitives les plus fréquentes peuvent être associées à des mutations génétiques détectables par des techniques faisables dans tous les laboratoires de pathologie. Ces techniques, non encore disponibles en Algérie, permettent de mieux traiter les patients, a souligné le professeur Bouzid, président de la Société algérienne d'oncologie. Il signale, par ailleurs, que même si le diagnostic est généralement posé, il demeure que la prise en charge thérapeutique pose un sérieux problème, en l'occurrence la radiothérapie. La chirurgie est la première indication dans les tumeurs cérébrales (glioblastomes). «Ce qui est contre-indiqué chez les enfants qui eux sont traités à la chimiothérapie», a-t-il ajouté. Le choix du thème de cette rencontre s'explique par le fait qu'il n'existe aucune concertation ni consensus sur cette forme de cancer, a précisé le professeur Kerboua Baraka, organisatrice de la rencontre. Elle estime que «les tumeurs cérébrales sont méconnues au point même d'être classées dans la rubrique autres dans les registres du cancer. Il est donc important d'informer sur cette pathologie qui est loin d'être rare», a-t-elle indiqué avant de signaler que le nombre de cas est en augmentation et selon les statistique présentées par le Pr Abdenbi, chef de service de neurochirurgie de l'hôpital Zemerli on enregistre entre 1000 et 1500 nouveaux cas par an. Elle déplore que, par ailleurs, «des patients soient souvent confrontés à de sérieux problèmes de prise en charge, notamment en radiothérapie, qui représente un goulot d' étranglement». Pour le Pr Lankar Abdelaziz, chef de service de pathologie au CHU de Annaba, il est important de développer les techniques de biologie moléculaire pour une meilleure prise en charge de ce groupe de tumeurs. «Actuellement le diagnostic se limite aux techniques d'immuno histologie. L'introduction de la technique de la biologie moléculaire permettra de déterminer le garde de la tumeur et surtout de savoir si elle est sensible à la chimiothérapie et donc de préciser le pronostic», a-t-il précisé avant de signaler que la mise en place de ces techniques en Algérie est en cours de réalisation au laboratoire de pathologie du CHU d'Annaba. Il sera question des tests moléculaires : Kras pour le cancer colorectal, EGFR, pour le cancer du poumon et BRAF pour le mélanome. «Les tumeurs cérébrales nécessitent d'autres marqueurs. C'est à partir de ces tests que l'on peut traiter des patients avec des thérapies ciblées», a-t-il ajouté.