Avec 1,84 milliard de dollars transférés en 2012 (2,2 MDS en 2008), l'Algérie n'arrive que cinquième en Afrique, en matière d'envoi de fonds par des immigrés établis à l'étranger, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. Ces transferts ne représentent que 1% du PIB national. Considérés comme une forme «d'exportation de capitaux des pays industrialisés vers les pays d'origine», ils devraient être plus importants, selon Belkacem Sahli, secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne à l'étranger, surtout si l'on compare avec d'autres pays, notamment arabes. Selon une étude consacrée à la diaspora de la région sud-méditerranéenne, réalisée par le réseau de coopération euro-méditerranéen ANIMA (2011), les transferts de fonds de la diaspora algérienne sur la décennie 2001-2009 se sont chiffrés à 16,1 milliards de dollars. Sur cette même période, la diaspora égyptienne a transféré 45,9 milliards de dollars, la marocaine 43,9 milliards et la jordanienne 24,9 milliards de dollars. Certains membres de la communauté algérienne de l'étranger imputent cet état de fait à la défaillance du système bancaire et surtout à une meilleure attractivité du marché parallèle de la devise. Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Selon Abderrahmane Benkhalfa, ancien délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), les transferts arrivent en Algérie sous forme de transferts dans des comptes devises ou à travers le change effectué à l'aéroport une fois arrivé en Algérie. Seulement les statistiques «ne font aucune différenciation. Les flux venant des immigrés sont banalisés». En d'autres termes, on ignore si les transferts qui se font de l'étranger sur les comptes devises dans les banques algériennes sont faits par des Algériens résidant à l'étranger ou simplement de passage, comme on ignore si le change effectué à l'aéroport est fait par des immigrés algériens ou par de simples touristes. Même si, souligne M. Benkhalfa, les immigrés sont «majoritaires dans les flux arrivants», car «nous n'avons pas une activité d'exportation de biens et de services qui drainent des flux importants de l'étranger». De toute manière, la réglementation en matière de transferts entrant «est libre sauf dans le cas de contrôle de blanchiment qui touche surtout les gros montants et surtout quant il y a dépôt». La différence entre l'Algérie et les pays voisins c'est que la diaspora est réellement considérée comme vecteur de développement économique, notamment parce qu'il y a «un canal qui permet de capter ce flux». Au Maroc par exemple, il y a des «statistiques individualisées» des transferts de fonds et on y trouve même «le concept de MRE» (Marocains résidant à l'étranger), souligne notre interlocuteur. Par ailleurs, «les immigrés marocains et tunisiens ont des banques installées à l'étranger qui drainent jusqu'à 70% des flux dans le cas des premiers». Un atout banalisé Pourquoi les banques ne mettent-elles pas un système de traitement individualisé des transferts de fonds des immigrés algériens ? Les pays qui l'ont fait sont ceux où ces transferts sont tels «qu'ils constituent un élément important de la balance des payements, au même titre que les recettes de tourisme par exemple», estime M. Benkhalfa. C'est le cas en Egypte, au Maroc ou au Liban. En revanche, quand ces transferts sont «un élément subsidiaire dans la capture des capitaux, alors il est banalisé. C'est le cas de l'Algérie». Cependant, le problème des statistiques individualisées «ne permet de corriger les chiffres des transferts qu'à hauteur de 20%», mais le plus gros souci qui perturbe la statistique c'est celui de «la double pratique parallèle» à travers un marché informel visible au grand jour et un autre marché plus «invisible» qui consiste à échanger des dinars en Algérie contre des devises récupérées une fois à l'étranger. Ce sont deux éléments qui peuvent expliquer pourquoi les transferts algériens sont faibles par rapport aux d'autres pays.