Le canal, censé contenir les eaux pluviales, reçoit les eaux usées des cités adjacentes nouvellement érigées, ainsi que celles de la nouvelle ville de Hamla. Les habitants du quartier des Frères Chaâbani et celui du lotissement Mohamed Saïd, anciennement connus sous l'appellation d'El Firma (la ferme), situés à la périphérie nord de la ville de Batna, sont exposés depuis plus d'une dizaine d'années à un grave problème de santé publique, qui n'arrête pas de perturber leur vie au quotidien. Il s'agit du déversement des eaux usées dans le canal de drainage des eaux pluviales d'Oued El Gourzi. En effet, toutes les eaux usées des cités adjacentes nouvellement érigées, ainsi que celles de la nouvelle ville de Hamla y sont déversées. Cette dernière, remarque-t-on, compte à elle seule pas moins de 10 000 familles. Un égout à ciel ouvert voit ainsi le jour au milieu des quartiers concernés. La prolifération massive de rats ne s'est pas faite attendre. Leur nombre, difficile à estimer, n'en demeure pas moins impressionnant. A la vue d'une meute de ces rongeurs vecteurs de virus et autres bactéries, les habitants n'osent plus sortir de chez eux la nuit tombée. «Même les chats ont été chassés du quartier», ironise un résident. Les moustiques et autres insectes nocifs se multiplient, trouvant dans l'eau stagnante un milieu favorable à leur développement, surtout avec la saison chaude qui s'annonce. Les branchements souvent illégaux, comme le qualifie Mokhtar Khendoudi, président de l'association du quartier, sont montrés du doigt. Selon lui, le collecteur principal de la nouvelle ville a été branché, sans étude technique au préalable, à la sortie du réseau d'assainissement des deux cités précitées. Celles-ci disposent de canalisation d'un diamètre de 400 mm et n'a évidemment pas la capacité de contenir la quantité d'eaux usées rejetées par des milliers d'habitations. Ainsi, les problèmes dus à l'inadaptation du réseau sont très fréquents. Lorsque ce n'est pas une canalisation qui se bouche, c'est un regard qui s'éventre sous la grande pression du flux d'eau qui s'y déverse. «A cette occasion, les eaux usées se sont déversées dans tout le quartier», raconte notre interlocuteur. Et d'ajouter: «A chaque crue, la canalisation branchée à l'oued est saturée et toutes les habitations qui subissent un reflux, se trouvent noyées sous les rejets nauséabonds et pestilentiels». Depuis l'année 2009, l'association n'a cessé de faire appel aux autorités pour corriger ces approximations et ces décisions souvent provisoires qui s'éternisent, mais sans aucun résultat. Lors d'une réunion de travail concernant ledit quartier Abdelkrim Maroc, président de l'APC de Batna, explique que le branchement du réseau d'assainissement a été bel et bien fait de manière provisoire en 1999 mais qu'une étude est en cours pour installer de nouvelles canalisation d'évacuation destinées à recevoir toutes les eaux usées de la nouvelle ville pour les acheminer vers la station d'épuration. Par ailleurs, les responsables techniques de l'APC mettent le doigt sur le mauvais entretien des canalisations par l'ONA, L'ADE et l'OPGI à l'origine des soucis des citoyens. Cette situation dure depuis plus d'une dizaine d'années et s'aggrave de plus en plus. A l'heure où deux grands chantiers ont été engagés pour couvrir les deux oueds qui traversent la ville pour protéger les habitants des risques qui menacent leur santé, voilà qu'un nouveau a été créé par la simple négligence des responsables.