Les habitants souffrent de moult problèmes : mauvaise qualité de l'eau, pas de routes… Située sur la route de Hamla, à la sortie ouest de la ville de Batna, Qariat El Hommos, à l'origine un champ de pois chiches, est aujourd'hui une méga-cité qui regroupe plus de 5000 habitants. Les premières habitations ont été érigées au début des années 1980 et avaient alors échappé à toute planification relative à l'extension de la ville. Mises devant le fait accompli, les autorités ont fini par fermer les yeux et ont procédé à sa viabilisation. Elles l'ont dotée de toutes les infrastructures nécessaires : VRD, électricité, eau, gaz, antenne d'état civil et unité de soins et ce, depuis un minimum de 5 ans. Une école primaire et un projet de CEM devaient voir le jour. «Qu'attend-on pour goudronner la route ?» se demandent les habitants. Parmi les premiers locataires de ces lieux, Saïd Hafsaoui, trésorier de l'association de la cité El Moustakbal qui nous a servi de guide dans un dédale de ruelles qui traversent la cité dans tous les sens, connaît le moindre détail sur l'historique du quartier. Comme pour dénoncer une priorité bafouée, il nous dit: «Lorsque nous nous sommes installés ici, tous ces quartiers n'existaient pas, même cette nouvelle ville», pointant l'index vers l'ouest où se dresse la nouvelle ville de Hamla. D'autres nouveaux quartiers sont érigés autour de cette cité et leurs ruelles sont goudronnées; même les plus récents. La totalité des constructions ne sont pas finies et les autorités auront du mal à appliquer la fameuse loi n°08-15 du 20 juillet 2013 relative à l'achèvement et à la mise en conformité des constructions. En effet, les maisons constituant cette cité sont toutes inachevées. Les ruelles sont obstruées par des matériaux de construction. Au coin de chacune d'elles, l'on voit des monticules de gravats mêlés aux ordures et autres déchets solides : «La levée des ordures ménagers ne se fait pas. Les entreprises privées et les entreprises publiques refusent de rentrer dans la cité car elles trouvent que la route n'est pas carrossable et elles ont raison de prendre soin de leur matériel», ironise notre guide, l'air dépité. En amont, Qariat El Hommos est limitée par l'oued Lazreg qui dégringole du Ravin Bleu d'où il tire son nom, dans un canal emménagé en béton, longe la cité et se perd plus bas à Kechida. Sans tenir compte des conséquences et surtout dans l'impunité totale, les habitants y vont chaque matin déverser leurs sachets-poubelles. Plus bas, sur un espace qui, selon Saïd Hafsaoui, devait servir à la construction du CEM, des particuliers s'affairent à réaliser de nouvelles constructions. «Ce terrain a été désigné par l'APC pour la construction d'un CEM, mais apparemment le projet est tombé à l'eau, des particuliers ont devancé l'Etat dans l'acquisition de l'assiette», nous déclare-t-il avec beaucoup de regret. La salle de soins n'est pas branchée au réseau d'AEP. Quelques jerricans remplis d'eau étaient alignés dans le coin d'une salle. «Une petite réserve pour nettoyer le matériel», nous a expliqué l'infirmier en poste en insistant sur le fait qu'il se charge lui-même de les remplir chaque jour. L'eau est l'autre problème dont souffrent les riverains. Le propriétaire du café Gaza, situé aux abords de la cité, nous a déclaré que, la matinée même, un représentant des services d'hygiène, lui a rendu visite, a pris un échantillon d'eau et lui a conseillé de ne pas en consommer jusqu'à nouvel ordre. Toutes les personnes que nous avons rencontrées lors de notre visite étaient unanimes: «Depuis qu'ils nous ont branché sur le réseau en provenance du barrage, nous nous interdisons de consommer l'eau et parfois même pour le ménage; elle dégage une odeur insupportable».