Il s'agissait de pallier à un quelconque sinistre, la coupole menaçant de s'effondrer à tout moment. La fameuse bâtisse, fondée en 1902 et trônant en plein milieu de la ville, fait partie de la mémoire collective. La rumeur, gonflée par les faits rapportés par des organes de la presse écrite, a fait état d'une «guerre de religions» à Aokas. Que s'est-il règlement passé ? Ayant eu vent d'une démolition de l'église le 6 juin 2013, des citoyens se sont regroupés sur les lieux pour s'opposer à ce projet. «Non à la démolition de notre patrimoine», écrivent-ils sur une grande banderole. Renseignement pris auprès des sources proches de l'APC, il s'agissait en fait de la démolition de la coupole de l'église, qu'avait prévue l'association religieuse de la mosquée, sise au même endroit que l'église en question, forte d'un arrêté de démolition dûment délivrée par l'autorité locale. Des membres de l'association religieuse ont décliné une décision d'attribution de la fameuse bâtisse au profit des services des Affaires religieuses. Ceci pour signifier qu'il s'agissait uniquement de pallier à un quelconque sinistre, la coupole menaçant de s'effondrer à tout moment. Transformée en mosquée depuis des décennies, l'église, qui a été livrée à elle-même, subissant les effets des infiltrations pluviales et des aléas climatiques, a été tellement fragilisée qu'elle n'a pu résister à la dernière secousse tellurique qui a ébranlée la région. Cependant, différents sons de cloche chez les Aokasiens qui s'opposent à la fameuse démolition. «Nous voulons protéger un monument qui fait partie de notre mémoire et de notre environnement. Il ne s'agit aucunement de défendre une confession ou un courant religieux», dira Aissani Mourad, un des nombreux citoyens révoltés par la légèreté avec laquelle est traité la gestion du patrimoine. En effet, la fameuse bâtisse, fondée en 1902 et trônant en plein milieu de la ville, fait partie de la mémoire collective. Le monument, une superbe œuvre architecturale, est intimement lié à l'histoire de la localité. Privée de la protection que lui assurait la croix qui surplombait son sommet, arrachée on ne sait pour quelle raison, puis dépouillée de son mobilier, le monument a fini par dépérir. «Où sont passés les vitraux de l'église ?», s'interroge un villageois très attaché au patrimoine de la ville. Inquiets du sort qui est réservé au monument, des citoyens issus de divers horizons ont organisé le lendemain de la première protestation, soit le 7 juin 2013, un rassemblement devant le siège de l'APC. Des assurances auraient été données par le maire qui s'est longuement entretenu avec les initiateurs de l'action. «Il ne s'agit pas d'une guerre entre musulmans et chrétiens, comme essaient de le faire accroire des officines mal intentionnées, mais simplement d'un patrimoine à préserver», nous dira un autre villageois. «Mais, ce qui est déplorable, poursuivra-t-il, c'est le silence assourdissant des partis politiques et du mouvement associatifs».