Pour tenter de retracer la riche histoire d'Alger et avoir une idée sur le cheminement architectural, il suffit de faire une halte dans les nombreuses mosquées héritées de nos divers ancêtres, Byzantins, Turcs... Pour tenter de retracer la riche histoire d'Alger et avoir une idée sur le cheminement architectural, il suffit de faire une halte dans les nombreuses mosquées héritées de nos divers ancêtres, Byzantins, Turcs... Les mosquées, lieux dédiés à la pratique des rites religieux mais également lieux d'éducation et d'inculcation des valeurs morales et de citoyenneté ont une place particulière dans le quotidien des Algérois. En dehors de ce rôle primordial, elles restent également les gardiennes de notre riche passé architectural, certaines mosquées sont d'ailleurs de véritables joyaux. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, l'a bien compris et a appelé en diverses occasions, les associations religieuses à ne pas ménager leurs efforts pour la protection des mosquées et la mise en place de toutes les conditions matérielles indispensables pour l'accueil des fidèles et la préservation des infrastructures. M. Ghlamallah a précisé, à ce propos, que son ministère continue de financer la construction et la restauration des mosquées, se félicitant de la coordination des efforts entre les associations, comités en charge des affaires des mosquées et les imams : la mosquée étant un espace pour l'accomplissement des rites religieux, l'enseignement du Coran, l'ancrage des valeurs morales et l'amour de la patrie avec un important rôle pédagogique tenu par l'imam. Restauration de 13 mosquées Un programme de restauration des édifices religieux a été mis en place et concerne pour commencer 22 mosquées. 13 de ces mosquées voient leurs travaux en phase finale. Parmi les mosquées restaurées nous pouvons citer : Ibn Badis à Alger-Centre, El Wafâa bil Âhd à Kouba, En Nour à Ruisseau, El Mouminine et Khaled Ibnou Elwalid à Belcourt, El Arkam à Chevalley... d'autres édifices religieux de la capitale bénéficient également d'opérations de restauration dans le cadre du Plan de préservation et de réhabilitation de La Casbah d'Alger. Il s'agit entre autres de la mosquées de Ketchaoua, Sidi Ramdane, Sidi Abderrahmane-Ethaâlibi, Ali- Bitchin, Sidi-Ali-Ben-Ali, l'école coranique Sidi-Bougdour, les mosquées Ben-Fares, Essafir, El-Barani, Sidi-Mohamed-Chérif et Sidi Ibrahim-El-Bahri, outre bien sûr Djamaâ El-Kebir et Djamaâ el-Djedid bien connus. Ces travaux, pour certaines mosquées ont été lancés depuis déjà des années à l'exemple de la mosquée Ali-Bitchin en réhabilitation depuis 5 ans, de même que la mosquée Sidi- Abderrahmane. D'énormes efforts sont ainsi consentis par les parties concernées pour permettre aux mosquées d'assumer leur rôle religieux et éducatif au sein de la société et d'en faire une référence sociale, religieuse et de formation au service des générations futures. Djamaâ-El-Kbir, un joyau architectural Plusieurs mosquées de la capitale, sont de véritables chefs d'œuvres illuminant l'Algérois. Ces édifices racontent l'histoire d'Alger à l'exemple de Djamaa el Kbir à la place des Martyrs et dont les travaux de réhabilitation sont achevés. Cette mosquée a été édifiée en 490 H / 1097 J.-C par Youssef ibn Tachfine fondateur de la dynastie des Almoravides. Cette mosquée est une pure merveille architecturale. Elle possède des nefs perpendiculaires au mur de la «qibla» et une cour rectangulaire bordée de galeries sur les petits côtés. Modèle de l'architecture religieuse, le corps principal de l'édifice, de plan rectangulaire, est plus large que profond. Le minaret, de construction plus récente, s'élève à l'angle Nord-Ouest. À l'angle Nord-Est subsiste Bab el-Djenina. Avec ses différentes pièces de service réservées à l'imam, l'édifice donne sur la cour, à travers laquelle on arrivait aux galeries «riwaq» avant d'accéder à la salle de prières. Des piliers et des arcs en maçonnerie chaulée divisent la salle de prières en onze nefs «balatat», chacune d'elles est recouverte d'une toiture à double pente. Les puissants arcs polylobés transversaux qui les relient semblent donnent l'impression d'avoir été rajoutés pour des raisons de stabilité structurelle. Le «mihrab» ne présente aucune autre décoration que les deux colonnettes en spirale, caractéristiques de l'architecture d'Alger du XVIIIe siècle, qui le flanquent de chaque côté et les quelques stucs en relief à motifs d'arc lobé qui soulignent l'arc en ogive du «mihrab», ce dernier a été remplacé, l'original ayant été détruit lors d'un bombardement en 1682. La façade de la mosquée est précédée d'un portique à colonnes et arcs polylobés réalisés au début de la période coloniale en raison du nouvel alignement des rues. Le minaret aurait été ajouté, selon l'inscription à sa base, en 732 H / 1324 J.-C. Il est à noter que les trois mosquées almoravides du Maghreb central n'avaient pas de minaret à l'origine. L'idée que les Almoravides considéraient le minaret comme «bid'a» (innovation) est contredite par le fait qu'ils ont conservé le minaret de la mosquée Qaraouiyine de Fès lors de sa reconstruction. Edifices abandonnés... mémoire amputée Lors de notre périple, nous avons malheureusement pu constater que dans cette même capitale qui fait tant cas de ses fabuleuses mosquées, nous retrouvons certains édifices délaissés à l'exemple de la mosquée Ketchaoua, et des mosquées de La Casbah. Ketchaoua a été tellement remaniée, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, qu'elle n'a presque plus rien de commun avec celle construite par le dey Hassan en 1795. On a, en effet, arasé son minaret, refaçonné sa façade, construit deux tours-clochers que l'on a du mal à prendre pour des minarets et réaménager l'intérieur. La plaque commémorative, qui date de 1795, et la grande porte, œuvre d'un célèbre ébéniste algérois, ont été enlevées et déposées... au musée des Antiquités. Pour avoir une idée de ce qu'était Ketchaoua il ne reste plus que deux lithographies de 1833 et 1837 que l'on retrouve dans quelques livres spécialisés. Ces reproductions d'époque nous restituent l'intérieur de la mosquée Ketchaoua qui était un merveilleux et majestueux ensemble de colonnes et d'arcs. Aujourd'hui sa façade principale est envahie d'herbes folles, les murs se craquellent. La boiserie des fenêtres, en particulier celle des tours, se détériore. Les alentours ne sont pas épargnés par les décharges sauvages qui gangrènent la capitale. Les travaux pour la restauration de cet édifice, qui ont démarrés depuis des années, sont arrêtés pour un problème de tutelle: «Deux ministères, celui de la Culture et celui des Affaires religieuses le revendiquant», nous expliquera le président d'une association religieuse. Le panneau de signalisation routière, planté au pied du parvis est un autre exemple de la banalisation de la médiocrité, Inapproprié au lieu, ce panneau n'est en plus d'aucune utilité, car il ne renseigne ni sur l'histoire de cette mosquée ni sur ses principales caractéristiques architecturales. Grandeurs et décadences des mosquées de La Casbah Chaque monument devrait être pourvu d'une plaque portant le nom d'origine de l'édifice, sa date de construction, le nom du constructeur, cela pour le visiteur. Ces plaques auront ainsi un impact instructif et pourraient être un moyen de sensibilisation du citoyen lambda qui aurait ainsi une idée sur l'importance, non seulement religieuse mais également culturelle et historique de ces monuments, et par conséquent sur leur nécessaire préservation. Deux autres édifices, la mosquée Ali-Khodja et celle appelée Djamaâ Barani ont été édifiées par le dey Ali Khodja en 1817-1818, l'une à l'intérieur de la forteresse de La Casbah, l'autre à l'extérieur. Ali Khodja venait en effet de transférer sa résidence et son «diwan» du palais de la Jenina, où trop de coups d'Etat avaient lieu, vers la forteresse mieux protégée. La mosquée Ali-Khodja est de type byzantin, celle située à l'extérieur de La Casbah est de type maghrébin. La conception et la décoration de la première sont plus soignées et plus riches que pour la seconde. Jusqu'en 1830, la mosquée Ali-Khodja a servi, tour à tour, de dortoir, de magasin et enfin de musée militaire. Djamaâ Barani, lui, fut utilisé comme casernement avant d'être transformé en église. La mosquée Ali-Khodja est en cours de restauration, comme le Palais du dey et ses dépendances. Il est vrai que le chantier s'étire en longueur : vingt ans ou presque depuis le début des travaux. En tout état de cause et quels que soient les motifs techniques que l'on pourrait invoquer pour expliquer tant de lenteur, la raison et le bon sens refusent d'admettre que la restauration, qui se fait avec la technologie du XXIe siècle, dure plus que sa construction elle-même qui ne disposait que des techniques de la fin du XVIIIe siècle. Djamaâ Barani, quant à lui, n'est plus qu'une triste bâtisse avec sa façade de granito, ses gouttières en PVC, son étanchéité, ses haut-parleurs attachés avec du fil de fer. Triste pour une mosquée qui devrait être un des symboles architecturaux de ces longs siècles où l'Algérie a vécu les plus grandes civilisations. La mosquée Safir, toujours à La Casbah, s'inspire nettement des édifices religieux byzantins ; sa grande coupole centrale et son minaret à forme octogonale sont typiques du style byzantin ou anatolien. Malheureusement pour elle, cette mosquée est située dans un quartier d'accès difficile et profondément délabré ; loin des regards, Djamaâ Safir est dans un état général lamentable. Cette mosquée doit être de toute urgence restaurée et rénovée. La mosquée Ali-Bitshin, du nom de celui qui l'a fondée, date de 1620 ; son fondateur était officier de marine et membre influent de La Taïfa des Raïs. Bitshin était un Européen converti à l'Islam. Après 1830, la mosquée Bitshin fut utilisée comme dépôt par la troupe puis transformée en une église appelée Notre-Dame des Victoires. Avec sa coupole centrale et ses coupolettes, elle est d'inspiration byzantine. Par contre, son minaret de forme quadrangulaire est de type maghrébin ; il faut cependant préciser que ce minaret a été raccourci en 1860. Peu de temps après l'Indépendance, cette mosquée est revenu à sa destination première et a récupéré son nom d'origine. Après avoir connu une incroyable déchéance, elle bénéficie enfin de travaux de rénovation. Mais il serait souhaitable de s'intéresser à l'environnement de cette mosquée qui doit impérativement être assaini. Djamaa Djadid, symbole de deux civilisations Djamaâ Djadid ou la mosquée de la pêcherie a été édifié en 1660-1661, à l'initiative collective des janissaires. On dit, par ailleurs, que le financement des travaux aurait été pris en charge par une fondation religieuse du culte hanafite. Le maître d'œuvre de cette très belle mosquée est, selon l'inscription sur plâtre que l'on voit près du mihrab, un certain Hadj Habib. Du point de vue architectural, la mosquée n'est ni purement maghrébine ni purement byzantine. Elle est le résultat harmonieux du mariage entre ces deux styles spécifiques. Avec ces composants intérieurs et extérieurs, l'édifice est un véritable chef-d'œuvre. Cette mosquée qui n'est assurément ni ordinaire ni banale est chère au cœur des Algérois qui demandent pour elle un traitement de faveur et une maintenance méthodique et régulière. Alger abritera la plus grande mosquée du monde Le coup d'envoi des travaux de terrassement de la future grande mosquée d'Alger a été lancé le 30 octobre 2008, en présence du ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdellah Ghlamallah qui s'est félicité du «grand intérêt que tout le monde porte à cette grande mosquée d'Alger. C'est le symbole de l'Algérie et de son identité », a-t-il dit. «Ce ne sont pas les mosquées et les salles de prière qui nous manquent, mais ce symbole qui nous distinguera des autres nations». Le ministre avait estimé que le projet devrait être livré 36 ou 40 mois après le début des travaux. Il a précisé cependant que tout dépendra de «l'évolution des études». Il avait par ailleurs fait état de «correctifs» apportés à la forme, à la symbolique et à la conception de la mosquée suivant les observations et les avis «des penseurs, des historiens et des bureaux d'études». Centre culturel, musée d'histoire de l'islam, centre de recherche universitaire, maison du Coran, mais encore locaux commerciaux, graviteront autour de la mosquée à proprement dit pour constituer ce gigantesque complexe. Bâtie sur une superficie de 20 hectares, la Grande mosquée d'Alger pourra accueillir jusqu'à 40.000 fidèles et sera surplombée d'un minaret de 214 mètres, devenant ainsi la plus grande mosquée au monde après celle de la Mecque et de la Médina. Il est à rappeler que le projet de la grande mosquée d'Alger a été confié à la société canadienne d'ingénierie et construction Dessau-Soprin en avril 2007. Selon les prévisions de cette entreprise, la réception de l'édifice ne pourra intervenir avant l'année 2013, soit environ 76 mois de travaux. En plus de la salle de prière, d'autres structures, comme un institut islamique, «Dar El Qor'an», une bibliothèque, un amphithéâtre et des salles de séminaires, y sont également prévues. La grande mosquée d'Alger sera réalisée conformément aux dernières techniques antisismiques employées dans les pays les plus développés du monde pour la réalisation de d'édifices à caractère stratégique. Le projet consommera un budget de plus de trois milliards de dollars, notamment puisqu'il constitue un complexe urbain et une mosquée ouverte aux visiteurs, même les non musulmans. Les responsables avaient parlé de l'importance de ne pas nommer la mosquée d'Alger «masdjid» puisqu'il s'agira d'un complexe urbain et d'un pôle culturel qui distinguera la capitale. Ce sera le plus grand projet urbain réalisé dans l'Algérie moderne, son architecture comportera 4 carrés, dont 3 seront ouverts aux visiteurs nationaux et étrangers. Un seul carré uniquement sera consacré à la prière : ce sera une immense salle avec une capacité d'accueil pour 120 mille pratiquants. Selon le directeur de l'agence de réalisation de la mosquée, les normes antisismiques y seront appliquées. Selon des experts le coût du projet dépassera les trois milliards de dollars, ceci en prenant en compte son immensité et la réhabilitation des alentours. Une chose est certaine les Algérois sont d'ores et déjà fiers d'accueillir chez eux ce projet grandiose. Les mosquées, lieux dédiés à la pratique des rites religieux mais également lieux d'éducation et d'inculcation des valeurs morales et de citoyenneté ont une place particulière dans le quotidien des Algérois. En dehors de ce rôle primordial, elles restent également les gardiennes de notre riche passé architectural, certaines mosquées sont d'ailleurs de véritables joyaux. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, l'a bien compris et a appelé en diverses occasions, les associations religieuses à ne pas ménager leurs efforts pour la protection des mosquées et la mise en place de toutes les conditions matérielles indispensables pour l'accueil des fidèles et la préservation des infrastructures. M. Ghlamallah a précisé, à ce propos, que son ministère continue de financer la construction et la restauration des mosquées, se félicitant de la coordination des efforts entre les associations, comités en charge des affaires des mosquées et les imams : la mosquée étant un espace pour l'accomplissement des rites religieux, l'enseignement du Coran, l'ancrage des valeurs morales et l'amour de la patrie avec un important rôle pédagogique tenu par l'imam. Restauration de 13 mosquées Un programme de restauration des édifices religieux a été mis en place et concerne pour commencer 22 mosquées. 13 de ces mosquées voient leurs travaux en phase finale. Parmi les mosquées restaurées nous pouvons citer : Ibn Badis à Alger-Centre, El Wafâa bil Âhd à Kouba, En Nour à Ruisseau, El Mouminine et Khaled Ibnou Elwalid à Belcourt, El Arkam à Chevalley... d'autres édifices religieux de la capitale bénéficient également d'opérations de restauration dans le cadre du Plan de préservation et de réhabilitation de La Casbah d'Alger. Il s'agit entre autres de la mosquées de Ketchaoua, Sidi Ramdane, Sidi Abderrahmane-Ethaâlibi, Ali- Bitchin, Sidi-Ali-Ben-Ali, l'école coranique Sidi-Bougdour, les mosquées Ben-Fares, Essafir, El-Barani, Sidi-Mohamed-Chérif et Sidi Ibrahim-El-Bahri, outre bien sûr Djamaâ El-Kebir et Djamaâ el-Djedid bien connus. Ces travaux, pour certaines mosquées ont été lancés depuis déjà des années à l'exemple de la mosquée Ali-Bitchin en réhabilitation depuis 5 ans, de même que la mosquée Sidi- Abderrahmane. D'énormes efforts sont ainsi consentis par les parties concernées pour permettre aux mosquées d'assumer leur rôle religieux et éducatif au sein de la société et d'en faire une référence sociale, religieuse et de formation au service des générations futures. Djamaâ-El-Kbir, un joyau architectural Plusieurs mosquées de la capitale, sont de véritables chefs d'œuvres illuminant l'Algérois. Ces édifices racontent l'histoire d'Alger à l'exemple de Djamaa el Kbir à la place des Martyrs et dont les travaux de réhabilitation sont achevés. Cette mosquée a été édifiée en 490 H / 1097 J.-C par Youssef ibn Tachfine fondateur de la dynastie des Almoravides. Cette mosquée est une pure merveille architecturale. Elle possède des nefs perpendiculaires au mur de la «qibla» et une cour rectangulaire bordée de galeries sur les petits côtés. Modèle de l'architecture religieuse, le corps principal de l'édifice, de plan rectangulaire, est plus large que profond. Le minaret, de construction plus récente, s'élève à l'angle Nord-Ouest. À l'angle Nord-Est subsiste Bab el-Djenina. Avec ses différentes pièces de service réservées à l'imam, l'édifice donne sur la cour, à travers laquelle on arrivait aux galeries «riwaq» avant d'accéder à la salle de prières. Des piliers et des arcs en maçonnerie chaulée divisent la salle de prières en onze nefs «balatat», chacune d'elles est recouverte d'une toiture à double pente. Les puissants arcs polylobés transversaux qui les relient semblent donnent l'impression d'avoir été rajoutés pour des raisons de stabilité structurelle. Le «mihrab» ne présente aucune autre décoration que les deux colonnettes en spirale, caractéristiques de l'architecture d'Alger du XVIIIe siècle, qui le flanquent de chaque côté et les quelques stucs en relief à motifs d'arc lobé qui soulignent l'arc en ogive du «mihrab», ce dernier a été remplacé, l'original ayant été détruit lors d'un bombardement en 1682. La façade de la mosquée est précédée d'un portique à colonnes et arcs polylobés réalisés au début de la période coloniale en raison du nouvel alignement des rues. Le minaret aurait été ajouté, selon l'inscription à sa base, en 732 H / 1324 J.-C. Il est à noter que les trois mosquées almoravides du Maghreb central n'avaient pas de minaret à l'origine. L'idée que les Almoravides considéraient le minaret comme «bid'a» (innovation) est contredite par le fait qu'ils ont conservé le minaret de la mosquée Qaraouiyine de Fès lors de sa reconstruction. Edifices abandonnés... mémoire amputée Lors de notre périple, nous avons malheureusement pu constater que dans cette même capitale qui fait tant cas de ses fabuleuses mosquées, nous retrouvons certains édifices délaissés à l'exemple de la mosquée Ketchaoua, et des mosquées de La Casbah. Ketchaoua a été tellement remaniée, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, qu'elle n'a presque plus rien de commun avec celle construite par le dey Hassan en 1795. On a, en effet, arasé son minaret, refaçonné sa façade, construit deux tours-clochers que l'on a du mal à prendre pour des minarets et réaménager l'intérieur. La plaque commémorative, qui date de 1795, et la grande porte, œuvre d'un célèbre ébéniste algérois, ont été enlevées et déposées... au musée des Antiquités. Pour avoir une idée de ce qu'était Ketchaoua il ne reste plus que deux lithographies de 1833 et 1837 que l'on retrouve dans quelques livres spécialisés. Ces reproductions d'époque nous restituent l'intérieur de la mosquée Ketchaoua qui était un merveilleux et majestueux ensemble de colonnes et d'arcs. Aujourd'hui sa façade principale est envahie d'herbes folles, les murs se craquellent. La boiserie des fenêtres, en particulier celle des tours, se détériore. Les alentours ne sont pas épargnés par les décharges sauvages qui gangrènent la capitale. Les travaux pour la restauration de cet édifice, qui ont démarrés depuis des années, sont arrêtés pour un problème de tutelle: «Deux ministères, celui de la Culture et celui des Affaires religieuses le revendiquant», nous expliquera le président d'une association religieuse. Le panneau de signalisation routière, planté au pied du parvis est un autre exemple de la banalisation de la médiocrité, Inapproprié au lieu, ce panneau n'est en plus d'aucune utilité, car il ne renseigne ni sur l'histoire de cette mosquée ni sur ses principales caractéristiques architecturales. Grandeurs et décadences des mosquées de La Casbah Chaque monument devrait être pourvu d'une plaque portant le nom d'origine de l'édifice, sa date de construction, le nom du constructeur, cela pour le visiteur. Ces plaques auront ainsi un impact instructif et pourraient être un moyen de sensibilisation du citoyen lambda qui aurait ainsi une idée sur l'importance, non seulement religieuse mais également culturelle et historique de ces monuments, et par conséquent sur leur nécessaire préservation. Deux autres édifices, la mosquée Ali-Khodja et celle appelée Djamaâ Barani ont été édifiées par le dey Ali Khodja en 1817-1818, l'une à l'intérieur de la forteresse de La Casbah, l'autre à l'extérieur. Ali Khodja venait en effet de transférer sa résidence et son «diwan» du palais de la Jenina, où trop de coups d'Etat avaient lieu, vers la forteresse mieux protégée. La mosquée Ali-Khodja est de type byzantin, celle située à l'extérieur de La Casbah est de type maghrébin. La conception et la décoration de la première sont plus soignées et plus riches que pour la seconde. Jusqu'en 1830, la mosquée Ali-Khodja a servi, tour à tour, de dortoir, de magasin et enfin de musée militaire. Djamaâ Barani, lui, fut utilisé comme casernement avant d'être transformé en église. La mosquée Ali-Khodja est en cours de restauration, comme le Palais du dey et ses dépendances. Il est vrai que le chantier s'étire en longueur : vingt ans ou presque depuis le début des travaux. En tout état de cause et quels que soient les motifs techniques que l'on pourrait invoquer pour expliquer tant de lenteur, la raison et le bon sens refusent d'admettre que la restauration, qui se fait avec la technologie du XXIe siècle, dure plus que sa construction elle-même qui ne disposait que des techniques de la fin du XVIIIe siècle. Djamaâ Barani, quant à lui, n'est plus qu'une triste bâtisse avec sa façade de granito, ses gouttières en PVC, son étanchéité, ses haut-parleurs attachés avec du fil de fer. Triste pour une mosquée qui devrait être un des symboles architecturaux de ces longs siècles où l'Algérie a vécu les plus grandes civilisations. La mosquée Safir, toujours à La Casbah, s'inspire nettement des édifices religieux byzantins ; sa grande coupole centrale et son minaret à forme octogonale sont typiques du style byzantin ou anatolien. Malheureusement pour elle, cette mosquée est située dans un quartier d'accès difficile et profondément délabré ; loin des regards, Djamaâ Safir est dans un état général lamentable. Cette mosquée doit être de toute urgence restaurée et rénovée. La mosquée Ali-Bitshin, du nom de celui qui l'a fondée, date de 1620 ; son fondateur était officier de marine et membre influent de La Taïfa des Raïs. Bitshin était un Européen converti à l'Islam. Après 1830, la mosquée Bitshin fut utilisée comme dépôt par la troupe puis transformée en une église appelée Notre-Dame des Victoires. Avec sa coupole centrale et ses coupolettes, elle est d'inspiration byzantine. Par contre, son minaret de forme quadrangulaire est de type maghrébin ; il faut cependant préciser que ce minaret a été raccourci en 1860. Peu de temps après l'Indépendance, cette mosquée est revenu à sa destination première et a récupéré son nom d'origine. Après avoir connu une incroyable déchéance, elle bénéficie enfin de travaux de rénovation. Mais il serait souhaitable de s'intéresser à l'environnement de cette mosquée qui doit impérativement être assaini. Djamaa Djadid, symbole de deux civilisations Djamaâ Djadid ou la mosquée de la pêcherie a été édifié en 1660-1661, à l'initiative collective des janissaires. On dit, par ailleurs, que le financement des travaux aurait été pris en charge par une fondation religieuse du culte hanafite. Le maître d'œuvre de cette très belle mosquée est, selon l'inscription sur plâtre que l'on voit près du mihrab, un certain Hadj Habib. Du point de vue architectural, la mosquée n'est ni purement maghrébine ni purement byzantine. Elle est le résultat harmonieux du mariage entre ces deux styles spécifiques. Avec ces composants intérieurs et extérieurs, l'édifice est un véritable chef-d'œuvre. Cette mosquée qui n'est assurément ni ordinaire ni banale est chère au cœur des Algérois qui demandent pour elle un traitement de faveur et une maintenance méthodique et régulière. Alger abritera la plus grande mosquée du monde Le coup d'envoi des travaux de terrassement de la future grande mosquée d'Alger a été lancé le 30 octobre 2008, en présence du ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdellah Ghlamallah qui s'est félicité du «grand intérêt que tout le monde porte à cette grande mosquée d'Alger. C'est le symbole de l'Algérie et de son identité », a-t-il dit. «Ce ne sont pas les mosquées et les salles de prière qui nous manquent, mais ce symbole qui nous distinguera des autres nations». Le ministre avait estimé que le projet devrait être livré 36 ou 40 mois après le début des travaux. Il a précisé cependant que tout dépendra de «l'évolution des études». Il avait par ailleurs fait état de «correctifs» apportés à la forme, à la symbolique et à la conception de la mosquée suivant les observations et les avis «des penseurs, des historiens et des bureaux d'études». Centre culturel, musée d'histoire de l'islam, centre de recherche universitaire, maison du Coran, mais encore locaux commerciaux, graviteront autour de la mosquée à proprement dit pour constituer ce gigantesque complexe. Bâtie sur une superficie de 20 hectares, la Grande mosquée d'Alger pourra accueillir jusqu'à 40.000 fidèles et sera surplombée d'un minaret de 214 mètres, devenant ainsi la plus grande mosquée au monde après celle de la Mecque et de la Médina. Il est à rappeler que le projet de la grande mosquée d'Alger a été confié à la société canadienne d'ingénierie et construction Dessau-Soprin en avril 2007. Selon les prévisions de cette entreprise, la réception de l'édifice ne pourra intervenir avant l'année 2013, soit environ 76 mois de travaux. En plus de la salle de prière, d'autres structures, comme un institut islamique, «Dar El Qor'an», une bibliothèque, un amphithéâtre et des salles de séminaires, y sont également prévues. La grande mosquée d'Alger sera réalisée conformément aux dernières techniques antisismiques employées dans les pays les plus développés du monde pour la réalisation de d'édifices à caractère stratégique. Le projet consommera un budget de plus de trois milliards de dollars, notamment puisqu'il constitue un complexe urbain et une mosquée ouverte aux visiteurs, même les non musulmans. Les responsables avaient parlé de l'importance de ne pas nommer la mosquée d'Alger «masdjid» puisqu'il s'agira d'un complexe urbain et d'un pôle culturel qui distinguera la capitale. Ce sera le plus grand projet urbain réalisé dans l'Algérie moderne, son architecture comportera 4 carrés, dont 3 seront ouverts aux visiteurs nationaux et étrangers. Un seul carré uniquement sera consacré à la prière : ce sera une immense salle avec une capacité d'accueil pour 120 mille pratiquants. Selon le directeur de l'agence de réalisation de la mosquée, les normes antisismiques y seront appliquées. Selon des experts le coût du projet dépassera les trois milliards de dollars, ceci en prenant en compte son immensité et la réhabilitation des alentours. Une chose est certaine les Algérois sont d'ores et déjà fiers d'accueillir chez eux ce projet grandiose.