La conférence-débat organisée hier par le FLN au Centre international de presse (CIP), aux Pins maritimes, à Alger, s'est transformée en un procès de la profession. Les conférenciers, issus de l'Institut des sciences de l'information, se sont donnés le mot pour « rappeler à l'ordre » la presse coupable « d'irresponsabilité ». L'intitulé générique du débat, « Faut-il enrichir ou abroger le code de l'information ? », a été éludé par les intervenants qui ont préféré gloser sur « l'amateurisme » des journalistes qui ignoreraient d'après eux la limite de leur liberté. Fatiha Matouk, enseignante à l'ex-ISIC, croit déceler une « faiblesse du niveau des journalistes ». Pour elle, les professionnels des médias s'intéressent uniquement « aux faux débats » et ne jugent pas utile de « vérifier leurs informations » ni de « proposer toutes les versions d'un fait ». Elle estime que le journaliste algérien pécherait par une absence de « distanciation » par rapport aux faits et qu'il n'accepterait pas la critique, contrairement à ses confrères étrangers. L'oratrice, qui participe à la formation de ces journalistes qu'elle brocarde, a pris le soin de laver les mains de sa corporation dans le déclin du niveau. « Pourtant, la théorie existe », précise-t-elle comme pour dédouaner les enseignants de leurs responsabilités. Saïd Boumaïza, son collègue, a axé son exposé sur la responsabilité du journaliste qu'il insère dans une liberté toute relative. « La profession ne devra pas être régie par une loi mais un code de l'éthique », nuance-t-il. Ahmed Hamdi, maître de conférence à l'Institut de journalisme, s'est, lui, lancé dans un round-up historique de la presse en remontant jusqu'au XVIIe siècle. Il sériera à la fin quatre propositions de lois qui, d'après lui, devraient être promulguées pour réglementer les métiers de la presse. Il s'agit de la loi sur l'édition et la publication, de la loi sur l'audiovisuel, de la loi sur la publicité et un texte régissant les sondages. Seul Ahcène Djaballah est sorti des sentiers battus en se félicitant de la formidable explosion médiatique en Algérie. On le voit bien, la conférence du FLN organisée à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté d'expression a été tout sauf un débat objectif sur les acquis et les espérances de la presse.