En dépit de la cherté du billet d'avion, les émigrés viendront en masse cet été pour passer la fête de l'Aïd au village. La région de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi Ouzou) connaitra, durant cette saison estivale, un remarquable raz-de-marée des émigrés qui ont déjà prévu de passer leurs vacances dans leurs villages. Cette année, le début du mois d'août s'annonce propice puisqu'il entame la dernière semaine du mois de ramadan et coïncide avec la fête de l'aïd, un événement que beaucoup d'émigrés ne voudraient aucunement rater pour replonger dans la nostalgie des chaleureux moments familiaux que connait cette journée. Elles sont donc nombreuses les familles des Ath Yedjar (de Bouzeguène à Aït Zikki) à revenir se ressourcer au bled en dépit des multiples difficultés liées aux encombrements que connait, chaque saison estivale, la ligne aérienne France-Algérie et vice versa, les ennuis de réservation et les longues listes d'attente pour ceux qui n'ont pas réservé tôt. En dépit de toutes ces entraves mais aussi et surtout du prix du billet d'avion qui a atteint un tarif record de 480 euros (l'équivalent de plus 70.000 dinars au marché parallèle), en aller-retour pour les départs compris entre début juin avec retour avant le 31 août, que les compagnies aériennes monnaient en cette période de grande affluence pour profiter de la forte demande alors que le même billet coûte 280 euros si le retour est fixé après le 15 septembre. La saison estivale est un moment phare pour les émigrés pour retrouver leurs racines et se débarrasser du stress quotidien et de la fatigue d'une année de travail ou d'études. Même si le billet est cher, les familles voudraient habituer leurs enfants à revenir et à aimer leur pays et pour les faire profiter de l'immense investissement qu'ils leur ont assuré. Ils font tout pour marier leurs enfants avec une fille du bled pour que les racines avec la terre ancestrale ne se rompent pas. Les émigrés sont nombreux à profiter de ce genre d'occasion, pour faire connaître à leurs enfants les traditions et coutumes de leur pays d'origine. Les enfants qui sont nés et ont grandi dans le pays d'accueil apprennent avec les grands-parents restés au bled, à parler la langue maternelle et parfois même à apprendre la prière. Les vacances au village bouleversent parfois certaines habitudes culturelles que se sont appropriés les enfants dans un milieu différent du leur. La saison estivale est une occasion agréable pour fortifier les relations familiales et amicales avec les proches et les autres villageois. Contrairement à leur pays d'accueil, au village d'origine, les visites familiales se multiplient et se renforcent chaque jour notamment lors des fêtes de mariage et dans plusieurs autres occasions. Il faut savoir que les émigrés sont souvent très attendus dans leurs villages. Ces dernières années, beaucoup d'émigrés ne revenaient que rarement en raison de la crise du chômage qui touche une grande proportion de jeunes qui ne pouvaient plus se permettre des vacances. C'est grâce à leurs parents retraités que ces vacances sont rendues possibles. Les familles vivant au village sont souvent comblées de présents, de vêtements et de friandises. Tous ces moments de retrouvailles sont vécus allègrement jusqu'au départ des émigrés.