De nouvelles manifestations ont été convoquées hier au Brésil, au lendemain d'un discours conciliateur de la présidente Dilma Rousseff accueilli avec scepticisme sur les réseaux sociaux, vecteurs de la fronde sociale qui secoue le grand pays émergent d'Amérique latine. Des manifestations sont programmées en marge de la Coupe des confédérations de football, prélude au Mondial-2014, à Belo Horizonte et Salvador de Bahia, où devaient se disputer les matches Japon-Mexique et Brésil-Italie. D'autres manifestations sont prévues dans au moins 12 villes du pays, dont la capitale Brasilia et la mégapole Sao Paulo, poumon économique du pays. Le Mouvement «Pase livre» (ticket gratuit, ndlr), à l'origine du mouvement contre la hausse du tarif des transports en commun il y a presque deux semaines, a annoncé sur sa page facebook qu'il poursuivrait les mobilisations. Tentant de reprendre la main au lendemain de manifestations historiques qui ont rassemblé jeudi 1,2 million de personnes dans tout le pays, Mme Rousseff s'est de nouveau engagée à «écouter les voix de la rue», tout en avertissant que les autorités agiraient fermement contre les casseurs. Le tacle appuyé de Romario La dirigeante brésilienne, héritière politique de l'ex-président Lula, a promis d'œuvrer à un «grand pacte» national pour l'amélioration des services publics et de rencontrer les «leaders des manifestations pacifiques». Répondant aux revendications multiples des manifestants, elle a reconnu qu'il était nécessaire de trouver des «moyens plus efficaces de lutter contre la corruption». Elle a défendu l'organisation du Mondial de football dans un an, en assurant que l'argent public dépensé pour la rénovation ou la construction des stades serait intégralement récupéré auprès des entités privées ou publiques qui les exploiteront dans le futur. Sur la Toile, les réactions sont partagées. «Nous voulons une date, une heure. Action. Les promesses ne suffisent plus», a réagi une internaute. «J'étais déprimée en écoutant la présidente Dilma. C'est une blague, non ? Elle nous prend pour des imbéciles sur la chaîne nationale», a écrit une autre. L'éditorialiste du journal O'Globo, Merval Pereira, d'habitude très critique envers le pouvoir, a jugé que la présidente «s'en est bien sortie». «Elle n'a pas été arrogante. Au contraire, elle s'est montrée humble, à l'écoute de la rue.» «Elle a brassé du vent», a estimé au contraire le sénateur social-démocrate de l'opposition Alvaro Dias, cité par le site d'information G1. L'ancien président social-démocrate Fernando Henrique Cardoso (1985-2003) a critiqué le modèle économique du PT au pouvoir en le comparant à celui de la Chine : «Là-bas ils épargnent et investissent. Ici on consomme sans investir. La rue est en train de dire : la consommation ne suffit pas, je veux plus.» L'ancien attaquant vedette brésilien, Romario, aujourd'hui député, a apporté son soutien aux manifestants, estimant qu'aujourd'hui, «le vrai président du Brésil s'appelle la FIFA».