Une rencontre entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, et les journalistes algériens accrédités à Mersin, la première du genre, a permis au premier responsable du secteur d'évoquer les grandes lignes de sa politique à moyen et long termes qui s'articule sur deux grands volets : la prolifération des infrastructures sportives et la formation d'une élite représentative et compétitive. Le ministre affirme d'emblée que le sport algérien doit être d'abord prémuni juridiquement : «Une nouvelle loi sur le sport a été promulguée et adoptée à l'APN, jeudi. Elle doit passer ces jours-ci à la deuxième Chambre du Parlement (Sénat) pour approbation avant sa mise en application.» M. Tahmi a insisté sur le fait d'investir sur ces deux volets et avoir une politique sportive adéquate dans le but de monter une élite compétitive. «Nous sommes dans l'obligation d'avoir une élite représentative et une politique sportive à long terme pour espérer avoir des résultats probants. La délégation algérienne présente à Mersin a été rajeunie avec une moyenne d'âge de 24 ans. L'objectif est certes de ramener de bons résultats, mais aussi de reconstituer l'élite. Nous n'avons pas fixé d'objectifs aux fédérations, mais nous sommes obligés de faire une bonne participation. Les JM-2013 sont une étape intermédiaire avant les Jeux panarabes et les JO-2016. Toutes les élites sportives seront mises dès septembre en regroupement permanent», a précisé le ministre de la Jeunesse et des Sports avec un franc-parler inhabituel. Tahmi a estimé, en outre, que les résultats obtenus dans les années 1980 et 1990 sont le fruit de la réforme sportive adoptée à la fin des années 1970, mais depuis quelques années, avec le désengagement partiel de l'Etat, il y a eu une régression à tous les niveaux. Avec la nouvelle politique sportive, il faudrait, selon le conférencier, trouver de nouvelles sources de financement. «Nous sommes obligés de miser sur les disciplines porteuses. Il appartient cependant aux fédérations, souveraines, de développer la pratique sportive à leur niveau. Il n'y aura plus d'aide aux fédérations à l'avenir s'il n'y a pas un programme approfondi et des résultats», a t-il averti. Un plan quinquennal ambitieux Evoquant le problème récurrent du manque d'infrastructures adéquates pour la préparation des élites nationales et des clubs, M. Tahmi s'est dit agréablement surpris par le stade de Mersin (un joyau) qui a abrité la cérémonie d'ouverture, lequel a été construit en quatre mois seulement. Il estime que la tendance doit aller dans ce sens (la construction de stades de moyenne capacité, sans préciser si un protocole d'accord est envisagé avec la Turquie) avant d'affirmer que les infrastructures en cours de réalisation sont en bonne voie. Il annoncera en grande pompe : «Le centre de regroupement des équipes nationales de Souidania sera réceptionné d'ici la fin de l'année et les stades en cours de réalisation sont en bonne voie malgré le retard affiché. Le stade du 5 Juillet bénéficiera d'une nouvelle pelouse. Nous n'avons pas encore trouvé l'entreprise qui se chargera de sa réalisation, car peu d'entreprises s'y intéressent. Nous avons néanmoins négocié à des prix formidables.» Il ajoutera qu'«une enveloppe spéciale a été débloquée pour la réfection du complexe de Séraïdi (Annaba) et que les travaux de rénovation sont en cours». Il précisera en outre que son département s'attelle à la récupération des infrastructures existantes, leur réhabilitation et les transformer en centres sportifs pour faire bénéficier les clubs dans leur préparation et la formation des athlètes. Il précisera enfin que le plan quinquennal 2015-2019 est très ambitieux, puisque l'Etat prévoit la création d'un centre sportif dans chaque daïra. Le professeur Tahmi enchaîne sur les problèmes que rencontre le sport scolaire, notamment ce qui concerne le statut des formateurs et encadreurs. Il annoncera qu'un projet de loi avec les ministères de l'Education et de l'Enseignement supérieur est à l'étude pour travailler ensemble et trouver une solution définitive. Pas de plafonnement des salaires des joueurs professionnels Le football professionnel, qui est à sa quatrième année en Algérie, a également été au centre de cette conférence-débat. Le ministre a estimé que l'idéal aurait été de ne pas engager dès le départ 32 clubs professionnels. Pour lui, dorénavant, les clubs doivent bien respecter le cahier des charges pour aspirer au professionnalisme et créer l'environnement nécessaire. «Il n'y a pas de solution politique à imposer aux clubs, c'est à ces derniers de trouver des solutions», a précisé en substance le premier responsable de la tutelle. M. Tahmi a catégoriquement démenti l'information selon laquelle il aurait exigé un plafonnement des salaires des joueurs professionnels. Il précisera : «Les club sont constitués en SPA et sont libres de payer comme ils veulent leurs joueurs, mais ils sont tenus de rendre des comptes à la fin de chaque exercice.» Et d'ajouter : «L'Etat algérien n'interdit pas aux entreprises étrangères d'investir dans les clubs professionnels, selon la loi en vigueur.» Le ministre de la Jeunesse et des Sports a annoncé, à la fin de son intervention, le soutien de l'Algérie à la candidature de la Turquie pour les JO-2020.