Le mythique groupe Gaâda Diwane de Béchar a fait une escale triomphale de deux heures et demie, jeudi soir à la salle El Mougar. Vingt heures. Sous une pluie généreuse, les alentours de la salle El Mougar sont envahis par de jeunes adolescents très branchés. Certains arriveront à décrocher le fatidique billet d'entrée, d'autres se contenteront de faire le pied de grue en espérant qu'une âme généreuse les fasse entrer gracieusement. Deux jeunes tirés à quatre épingles exhibent des billets revendus. Pensant que nous étions à cours du fameux laissez-passer, nous lancent : « C'est la chance de votre vie. Il ne nous reste plus que deux billets. Nous vous faisons un cadeau en vous les proposant à 1200 Da alors que nous les avons achetés à 800 DA ». Notre sourire les renseignera sur notre attention de savoir un peu plus sur ce commerce informel. Une curiosité en somme toute légitime. A 20h45, le groupe fait son entrée sur scène sous un brouhaha assourdissant. Des jeunes, au chèche autour de la taille ou encore sur la tête tapotent énergiquement des mains. Tout le monde se lève pour saluer Gaâda Diwane Béchar, venu spécialement de Paris, pour gratifier ses fans d'instants magiques et mystiques à la fois. Les huit musiciens ajustent leurs instruments musicaux et entament leur répertoire par Dib El Khaba. Les corps commencent, dès lors, à se déhancher sans mesure. Suivront d'autres titres tels que Amin Amin, Baba Hamouda, Goumari, Mama Zhari, Salem Allik, Ya Hbibi Chirani, Salet Ou Saleme et La Yahdik Ya El Samra. Quand Aïcha Lebgaâ entonne de sa voix suave Tou Ba, une chanson exhumée des fins fonds de Béchar, le public est quasiment conquis. Avec un charme envoûtant et un tact connaisseur, elle demande au public de répéter en même temps qu'elle « Ghoulou Amin, Ghoulou Amin ». Des centaines de voix s'élévent à l'unisson pour reprendre en chœur avec cette phrase clé. Les esprits « s'échauffent » et les corps se libèrent quand les louanges à Dieu se font plus pesants. L'effet du kaléidoscope donne plus de mesure et de poids au spectacle, placé sous le signe des métissages des cultures. Fateh, un des éléments du groupe de l'orchestre national de Barbes est invité à monter sur scène pour enivrer l'assistance d'un délicieux morceau musical chaâbi. D'autres invités sont conviés à partager la scène avec Gaâda Diwane Béchar. Il s'agit du groupe Djemaoui Africa. Ensemble, les deux formations chanteront A ya Leloualed et Adini N'Zour. Gaâda Diwane Béchar reconquis tout son espace pour poursuivre son répertorie avec des titres lourds de sens dont Zinet El Hemmem. Une partie du répertoire gnawi est revisité avec un réel plaisir avec El Wali Djiet N'Zour, Salem Alikoum, Ya chafi ya Afi. Le leader du groupe, à savoir Abdelatif Laloufi lance d'une voix prenante : « On est très content d'être parmi vous. Vous avez le bonjour des enfants de Marseille et de Paris. Cette ambiance est inégalable ailleurs ». Des applaudissements et des youyous nourris retentissent. La soirée s'est clôturée par l'incontournable Bouziane. Une chanson « élastique » qui a permis à plus d'un de répondre au quart de tour. Cette remarquable chanson est reprise à haute voix par un public complice. L'osmose était telle qu'en plus des dodelinements de la tête, des chèches aux couleurs bigarrées flottaient du haut du balcon. Vers 23h30, le public s'est dispersé dans l'espoir de le revoir très bientôt sur la scène algérienne.