La nouvelle du concert, organisé par AS Production, a vite fait le tour de la capitale. C'est à guichet fermé que s'est déroulé, jeudi dernier, le show. Un public, venu de divers horizons, s'était amassé devant la salle, une bonne heure avant le rendez-vous. Une foule énorme s'impatientait sous la pluie. Une véritable “confrérie”, formée de férus des prières des esclaves des siècles passés. “Les Gnawa de Hydra-Ben Ak”, ironise un jeune qui proposait des billets du concert, le double du prix au guichet, fixé à 800 DA. “Il fallait se lever tôt pour s'assurer une place, mais pas de problème khokoum (le frangin) l'a fait pour vous, malgré la pluie et le froid.” 1 500 DA, c'est le prix demandé. “Maâlich, 1 200 DA pour les étudiants qui ont choisi de venir ici au lieu d'aller voir Nadiya, la star du RNB.” Les huit musiciens de Gaâda réussiront à entraîner le public au zénith de la transe. Leur secret : un répertoire riche de multiples sonorités et de poésie puisés dans le diwan. Une musique et des textes qui ont traversé le temps et l'espace, glorifiant Dieu, son Prophète et les saints. Guidé par Abdelaâti Laoufi, le groupe entonne un Salam alaïkoum ya ahl asalam. Des youyous fusent de partout, alors qu'Ahl Diwan enchaînent avec Ya h'babi ou jirani, un morceau à la limite du chaâbi algérois et du moghrabi. Touba, Slat wesllam, deux titres de la pure tradition gnawie, deux prières ancestrales que le groupe perpétue. Plus rythmés, Zamani koulou et Allah yahdik ya samra mettent le feu dans la salle, déjà en transe. Khlif Miziallouaoua calme le jeu et offre à l'assistance une très belle performance instrumentale au luth. De sa voix cristalline, Aïcha Lebgaâ prendra le relais pour Kasad m'ssala et le légendaire Goumari. L'invité surprise de la soirée est convié à rejoindre le groupe, il s'agit de Fateh Ballala du groupe Orchestre national de Barbès, qui présentera un programme typiquement chaâbi, Maychani Felharb, Wahed el-ghouziel et Ya moulati. Un véritable voyage dans l'Algérie multiculturelle, surtout quand Aïcha enchaîne avec des chansons dans le genre moghrabi. Sa voix n'a rien à envier à la diva Nadjet Attabou. “C'est un jumelage Alger-Casa”, dira Abdelaâti. Sifna wella chetoua et Baba Hamouda transforment la salle en stade. Les éléments du groupe Djmawi Africa viendront accentuer cette ambiance en accompagnant leurs amis d'El-Gaâda au chant et au karkabou. Le délire dans la salle. Au bout de trois chansons, les jeunes se retirent pour laisser les anciens clôturer le show en beauté. Dini n'zour, Yalouled, Ya chafi ya Afi. 23h30, le Diwan prend fin. Une chose est sûre, pour Abdelaâti Laoufi, le leader du groupe, “il n'y a pas mieux que la scène algérienne”. Malgré tous les problèmes, Malik et ses copains d'As Production ont réussi leur pari. Wahiba Labreche