Les allées bétonnées et vitrées du Centre des arts de Ryad El Feth à Alger ont été assaillies jeudi soir par le peuple gnawi. Jeunes étudiants, fans âgés, familles en tenue de soirée, étrangers, venus s'enivrer à la musique du Sud-Ouest algérien du célèbre groupe Gaâda Diwan de Béchar. Les billets ont été épuisés la veille. Un monde fou patientait à l'entrée de l'ex-salle Abdelhaq Benhamouda, le secrétaire général de l'UGTA assassiné en 1996, rebaptisée Ibn Zeydoun. Une heure plus tard, le groupe se produit devant une salle archi-comble. On occupe les chaises, les escaliers, l'étroite fosse. Debout. Sur scène, les complices de la sensuelle Aïcha Lebgaâ Menouri et de l'explosif Abdelatif Laoufi, mettent le feu. De Amin Amin à l'incontournable morceau aïssaoui Bouzian, tant réclamé par les fans en transe. Deux évacuations médicales plus loin pour cause de transe et de manque d'air, les déhanchements reprennent de plus belle avec Mama zari et l'hommage à Nass El Ghiwan. On swingue tranquille avec Dib el ghaba et on bifurque sur le très chaâbi Touba de l'Orchestre national de Barbes. Sur la piste de danse improvisée, des jeunes laissent vibrer leur corps aux rythmes effrénés des karkabous et du goumbri, de la batterie et de la derbouka. Une formidable énergie se dégage, comme pour conjurer tous les malheurs d'une génération née kalachnikov au dos et incertitude en face. Les tubes de Gaâda sont presque les mêmes, mais ça marche. La mode afro gnawi marche et ce n'est pas un hasard si plusieurs groupes, d'Alger à Annaba ont adopté ce style.