Le débat sur la convertibilité du dinar, enclenché depuis quelque temps et ayant pris la tournure d'une polémique depuis la sortie médiatique du chef du gouvernement, semble s'orienter vers un approfondissement par le fait que d'autres experts, à l'image d'Ahmed Benbitour, ex-chef de gouvernement, viennent apporter leur contribution et sortir de l'unanimisme prévalant sur la scène nationale. En effet, entre la position de Ali Benouari, ex-ministre délégué au Trésor, qui prône la convertibilité totale du dinar et celle du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, qui la réfute systématiquement, il y a celle de Benbitour qui se trouve à équidistance des deux thèses. L'ex-chef de gouvernement dira à ce propos, lors d'une rencontre-débat tenue jeudi à M'sila à l'initiative du bureau exécutif du MSP, que « si on peut rendre convertible la monnaie nationale au niveau de deux éléments de la balance des paiements, à savoir la balance commerciale et les services, il est impensable de le rendre pour le compte capital ». Explicitant sa pensée, M. Benbitour dira : « La situation de déliquescence dans laquelle se trouve l'économie du pays ne permet pas de s'aventurer dans cette voie ». Confortant son argument, M. Benbitour a donné l'exemple du Portugal qui a suivi cette voie et qui, « au bout de 3 mois, s'est retrouvé dans une position délicate ». A propos de la situation actuelle de l'économie algérienne, M. Benbitour a soutenu qu'elle continue à être une économie de rente et que, à chaque fois qu'il y a une embellie financière à travers la revalorisation des prix des hydrocarbures, le pays s'enfonce encore plus dans l'économie de rente. « L'Algérie dispose de quatre fois la dette en réserve », précisera-t-il. Rappelons que Ali Benouari, qui prône la convertibilité totale du dinar, soutient que la non-convertibilité est à l'origine des 700 milliards de dinars qui sont hors du circuit bancaire et favorise le marché parallèle de la devise, la fraude fiscale et la corruption à grande échelle. Par ailleurs, il faut dire que le transfert des capitaux que les pouvoirs publics redoutent au lendemain de la convertibilité du dinar est un fait réel de nos jours. Ce transfert s'opère par le biais du marché parallèle de la devise qui bat son plein au niveau de cette wilaya. En effet, pour les trois dernières années (2003, 2004, 2005), 96 600 000 euros, représentant le paiement des pensions et retraites pour la seule banque BADR, se sont « expatriés » par le moyen de la « valise ».