La dernière sortie médiatique du chef du gouvernement sur la question de la convertibilité du dinar tente de mettre fin au débat suscité ces dernières semaines. Le niet opposé par Ahmed Ouyahia à toute idée de convertibilité de notre monnaie était, somme toute, prévisible, d'autant que le premier argentier du pays, Mourad Medelci, interrogé il y a de cela quelques temps, avait indiqué que la question de la convertibilité totale du dinar n'est pas du tout à l'ordre du jour du programme du gouvernement et que le « véritable goulot d'étranglement » réside plus dans la monnaie nationale que dans la devise étrangère. Le chef du gouvernement a qualifié de « mal intentionné » et « infondé » ce débat autour de la question sensible de la convertibilité totale de la monnaie nationale. Ses arguments ont trait aux aspects macroéconomiques du pays qui, selon lui, ne sont toujours pas performants et excluent, de ce fait, toute convertibilité totale du dinar. « L'Algérie n'a pas une économie qui produit des dollars, à l'exception du secteur des hydrocarbures », a-t-il affirmé. L'aisance financière, dont bénéficie le pays, n'est pas non plus un argument en faveur des défenseurs de la convertibilité, en ce sens que la convertibilité du dinar risque de se traduire par une fuite massive des capitaux. Le chef du gouvernement lance l'accusation : « Le niveau record des réserves de change de l'Algérie n'est pas un motif pour siphonner ce matelas de devises en recourant à la convertibilité de la monnaie nationale. » Contacté hier, Ali Benouari, ancien ministre délégué aux Finances, à l'origine du débat lancé autour de cette question, pense que les arguments du chef du gouvernement « ne sont pas recevables, d'autant qu'ils proviennent d'un homme politique ». « Je cherche à lancer un débat de fond avec des spécialistes. Je ne cherche pas à polémiquer avec des hommes politiques », dira-t-il. L'homme, qui défend depuis quelques temps la nécessité d'opter pour l'abolition du contrôle des changes, multiplie ses sorties médiatiques et doit, d'ailleurs, organiser dimanche prochain au Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) un débat dont le thème porte essentiellement sur la convertibilité du dinar. L'ancien ministre, qui préfère réserver son contre-argumentaire pour ce rendez-vous, précise cependant qu'il serait inutile d'immiscer le FMI dans cette affaire étant donné que « cette institution financière n'a pas les prérogatives d'imposer à l'Algérie l'option de la convertibilité ». Quant au risque de provoquer une fuite massive des capitaux, Ali Benouari, dans une de ses précédentes interventions dans la presse, estime au contraire que l'abolition du contrôle des changes « exclut qu'il puisse y avoir des transferts d'argent non déclaré », en ce sens que l'attrait d'un taux de change meilleur et d'une plus grande sécurité est susceptible de provoquer le rapatriement dans le circuit officiel des énormes liquidités qui prospèrent sur le marché informel, qui amenuisent les ressources budgétaires et engendrent la corruption à grande échelle. Néanmoins, loin de faire l'unanimité, ce débat qui s'est invité sur la scène médiatique nationale recueille des avis contradictoires sur la même question.