L'Algérie, dont la numérisation tarde à décoller à cause d'une mauvaise politique d'introduction des technologies de l'information, n'est peut-être pas le pays le plus exposé aux risques informatiques, mais il reste qu'un bon nombre de hackers, ciblant principalement les pays étrangers, officient sur le territoire algérien. «L'Algérie est un cyberparadis pour les hackers, au même titre que le sont les paradis fiscaux pour les personnes recourant au blanchiment d'argent», disait hier Hind Benmiloud, avocate spécialisée en cybercriminalité lors du symposium international organisé par l'association World Trade Center. En ces temps où l'espionnage électronique prend une tournure nouvelle, impliquant les puissances mondiales, les débats des experts algériens et internationaux tournaient, hier, autour du manque de prise de conscience des entreprises face à la menace informatique. «Il faut savoir, à ce propos, explique Pr Solange Guernaouti, directrice du Swiss Cybersecurity Advisory and Research Group, que les petites et moyennes entreprises sont des cibles privilégiées. Ces PME doivent savoir que les risques ne sont pas virtuels et que le crime est bien réel.» Pour l'instant, le plus grand nombre des affaires traitées dans les tribunaux algériens sont liées à la diffamation, notamment sur les réseaux sociaux, ainsi que des fraudes des personnels contre l'entreprise qui les emploie. «Etant donné que le e-commerce n'a pas encore été lancé en Algérie, nous ne sommes pas encore victimes de transactions commerciales, mais nous y arrivons», souligne Me Benmiloud. La plus grande menace est celle du «cyberterrorisme». Le fait est que les membres des organisations islamistes armées peuvent facilement enrôler de nouvelles recrues via internet. «Il existe même des sites d'enchères publique qui, en réalité, servent à récolter des fonds pour les terroristes», précise Hind Benmiloud. Mebarek Boukaba, ex-vice président de l'Association algérienne des fournisseurs de sites internet (AAFSI), plaide pour la création d'une agence de lutte contre la cybercriminalité en Algérie. Il propose de recruter d'anciens hackers pour une meilleure prise en charge de ce fléau. «Les hackers blancs peuvent être nos meilleurs alliés, dit-il. Il faudrait que ce soit la qualité de la personne qui prime et non pas les diplômes.» A en croire Francesca Bosco, experte internationale en cybercriminalité en poste à l'Institut interrégional de recherche des Nations unies sur la criminalité et la justice (Unicri), il y a chaque année près de 556 millions de victimes de cybercrimes dans le monde, soit 1,5 million de victimes par jour et 18 par seconde.