Louisa Hanoune invite l'UGTA à ne pas se laisser ligoter par un pacte qui privera les travailleurs de moyens de lutte. L'allusion est claire au déjà fameux pacte social évoqué à quelques mois de la tripartite annoncée pour la rentrée prochaine. « Le SMIG est l'affaire de l'Etat. C'est à l'Etat de réguler et d'imposer un seuil de rémunération, pas au patronat ! », a-t-elle notamment estimé à propos de l'augmentation probable des salaires, lors d'un meeting organisé jeudi dernier à Béjaïa. Au demeurant, la porte-parole du PT se dit sceptique quant aux conclusions des négociations et continue, quant à elle, à revendiquer un SMIG à 25 000 DA, en contestant avec véhémence l'argument du chef du gouvernement pour lequel toute évolution des salaires est tributaire de la croissance hors hydrocarbures. « Mais d'où viendra donc cette croissance industrielle puisque l'on est en train d'achever de démanteler et de brader les outils de production ? », tonnera-t-elle devant un auditoire conquis. Sur ce point, et visiblement revigorée par les « succès des luttes engagées par les travailleurs » un peu partout dans le monde, la porte-parole du PT dégaine de nouveaux arguments à opposer à « ceux qui défendent que les privatisations sont une fatalité internationale » - dont le président de la République qui, il y a une année, avait lâché que, sous la pression extérieure, le pays était bien obligé d'assumer la nouvelle loi sur les hydrocarbures. « Non, la dénationalisation n'est pas inéluctable, les privatisations ne sont pas incontournables... Regardez donc ce qui se passe en Bolivie et au Venezuela où l'on rétablit la souveraineté sur les hydrocarbures, en France où le gouvernement a dû retirer le CPE après la mobilisation solidaire des jeunes et des travailleurs », a-t-elle étayé. L'exposé de Louisa Hanoune a, par ailleurs, réservé des propos acerbes à M. Temmar, qualifié tout bonnement de ministre de la « désertification nationale » et dont le département ferait dans « le chantage » vis-à-vis des travailleurs réfractaires à la privatisations de leur usine. « Comment se fait-il qu'il n'y ait pas d'argent pour payer les arriérés de salaires, alors qu'il en a pour payer les départs volontaires ? L'on pérore sur le nombre d'emplois préservés, mais pourquoi ne parle-t-on pas des dizaines de milliers d'emplois perdus ? », s'interroge Louisa Hanoune, en soutenant, pour exemple, que la privatisation annoncée de plusieurs établissements hôteliers va nécessiter le licenciement de 50% des effectifs. De quoi alimenter encore les armées de chômeurs dont le nombre, objecte-t-elle, est loin de baisser dans les proportions avancées par le gouvernement. « Aïb ! (la honte), ils comptabilisent des emplois provisoires pour gonfler les statistiques de l'emploi », dénonce-t-elle encore en avertissant que « le pays est sur la bouche d'un volcan » tant le tissu social est déstructuré et la contradiction insoutenable entre la richesse du pays et la pauvreté des Algériens. Le meeting se termine dans une débauche de ferveur militante qui verra des dizaines de personnes accéder à l'appel de la porte-parole du PT et signer le « serment du 24 février 2005 ».