Les entrepreneurs de cette région ont les capacités techniques et les ressources humaines pour réaliser de grands projets, mais ils sont toujours exclus et marginalisés pour des raisons non avouées. Réunis, lundi après-midi, au siège de la Chambre du commerce et de l'industrie (CCI) des Ziban, laquelle est dirigée par Abdelmadjid Khobzi, les opérateurs économiques de la wilaya de Biskra, présidents de la Confédération nationale du patronat, de l'union des entrepreneurs et de celle des commerçants, des représentants du syndicat des exploitants des carrières et de ceux des propriétaires de stations-service, ont décidé de se liguer pour constituer une instance dénommée Alliance des investisseurs. Celle-ci aura pour mission première de recueillir les préoccupations et difficultés de ces opérateurs économiques locaux se disant fortement affectés par des dysfonctionnements et lourdeurs administratives et par certaines pratiques mettant en danger leurs activités respectives, selon leurs dires. Cette instance qui se veut un espace de réflexion collégiale a aussi l'ambition d'offrir aux opérateurs économiques lésés dans leurs droits un soutien moral, technique et juridique et de les aider à recouvrer leurs droits et d'importantes enveloppes financières non perçues depuis des années «bien que les projets aient été réceptionnés.», selon leurs propos. «Les banques et les administrations auxquelles nous avons affaire nous prennent de haut et les fonctionnaires, dont une majorité est incompétente, nous méprisent et nous suspectent invariablement d'être des gens malhonnêtes et trompeurs. Ils font tout pour nous pousser à l'exode ou à l'arrêt des activités de nos établissements et entreprises alors que nous sommes le moteur du développement et des créateurs d'emplois. Des dizaines d'entreprises locales ont jeté l'éponge ces dernières années à cause de cela.», a lancé Amor Ouandjeli, président de la confédération du patronat qui réfute le prétexte «des entreprises de Biskra trop faibles» évoqué par les responsables locaux quant à leur choix d'offrir les marchés à des entreprises d'autres wilayas. A ce propos, il certifie que les entrepreneurs de Biskra ont les capacités techniques et les ressources humaines pour réaliser de grands projets mais qu'ils sont toujours exclus et marginalisés pour des raisons non avouées. Plan d'action des opérateurs économiques Abondant dans le même sens, les autres présents ont expliqué, exemple vivant à l'appui, qu'ils sont, à Biskra, les victimes d'une bureaucratie contraignante et obtuse, qu'ils pâtissent des surtaxes et de lourdes charges fiscales auxquelles leurs pairs des autres régions ne sont pas soumis mais aussi des décisions «incompréhensibles et arbitraires» du comité d'assistance pour la localisation, la promotion de l'investissement et la régulation du foncier (Calpiref) qui leur répondrait invariablement que leurs dossiers et demandes d'investissement sont rejetés pour cause de saturation du créneau d'activités choisi, alors que, paradoxalement, ils remarquent que des secteurs, comme celui de la distribution des produits hydrocarbures, est géré de manière anarchique. Pour preuve, dira le représentant des gérants privés des stations-service, «des daïras et des communes de Biskra souffrent de l'absence de points de distribution de carburant mais entre Biskra et El Kantara, soit 50 km, il y en a un nombre impressionnant qui se concurrencent inutilement». Au chapitre des premières recommandations émanant de l'Alliance des investisseurs de Biskra figurent leurs vœux de voir l'administration et les pouvoirs publics les considérer comme des partenaires et des interlocuteurs matures et responsables, la régularisation de la situation financière de dizaines d'entre eux, l'assouplissement des contrôles concernant la facturation des marchandises, biens et matériels, de faire profiter la wilaya de Biskra des mécanismes et dispositifs d'aide aux investisseurs des régions du Sud décidés par le gouvernement, de donner la priorité aux entreprises locales pour la réalisation des projets, de passer à une gestion et une distribution raisonnées et équilibrées des marchés et des projets, et, dernier point, de voir s'ouvrir une enquête administrative approfondie sur les activités du Calpiref. Avant la levée de la séance, les opérateurs et entrepreneurs de Biskra se sont désolés de n'avoir pas été cités par les médias locaux parmi les soutiens et les fournisseurs de la caravane de solidarité organisée la semaine dernière au bénéfice des enfants du Sahara Occidental.