Benachour Med Le foncier industriel reste le talon d'Achille de la promotion industrielle en Algérie. Les terrains consacrés à l'industrie se font de plus en plus rares, d'où leurs prix élevés. La cherté de ce type de foncier profite-t-elle aux grands magnats, en excluant les promoteurs de PME/PMI ? C'est ce que déclare le président du FCE, Réda Hamiani (Forum des Chefs d'entreprises). Outre sa rareté, le foncier industriel est «géré anarchiquement», ce qui favorise «le pouvoir de l'argent», a dénoncé lundi soir Réda Hamiani sur Canal Algérie. Ces déclarations tombent comme un cheveu sur la soupe à la veille de la mise aux enchères publiques restreintes de plusieurs assiettes foncières à travers le pays, par l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (ANIREF) ! Y a-t-il anguille sous roche ? Si l'on suit les propos du représentant du patronat, le foncier industriel «profite aux mêmes promoteurs» qui, pour lui, y ont mis «main basse». Hamiani a tout dit ou très peu. Ces déclarations faites sur la chaîne nationale sont-elles le prélude à un coup de pied dans la fourmilière sur la question «sensible» du foncier industriel ? Lors de cette même émission, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) va plus loin en ajoutant que «beaucoup d'investisseurs sont exclus de ces enchères même s'il y a de la transparence dans l'attribution des terrains». Or ces déclarations viennent au moment même où l'Aniref a mis aux enchères publiques restreintes un nouveau lot constitué de 16 actifs à la disposition des investisseurs potentiels. L'Aniref propose ainsi 3 actifs à Nâama, 6 à Biskra, 6 à Djelfa et un actif à Laghouat. Les séances d'adjudications aux enchères publiques auront lieu dans les prochains jours. Ces concessions seront concédées pour des durées allant de 33 à 99 ans. Il faut savoir que c'est l'Aniref, une entité nouvellement créée, qui a les prérogatives de mettre en concession aux enchères publiques des assiettes foncières industrielles. Cette agence, qui a été créée en mars 2008, a toutes les prérogatives de mettre en concession les assiettes foncières industrielles. Son programme de distribution des terrains industriels n'est qu'à son début. Les loyers seront révisés tous les 11 ans. D'autres adjudications aux enchères publiques portant sur d'autres actifs à Médéa et à Aïn Defla auront lieu prochainement. De ce fait, le FCE pose une problématique sérieuse sur la destination des assiettes foncières sachant que des terrains de grande valeur à Alger, Oran... n'ont pas profité aux PME et sont porteurs de projets. En ce sens, Réda Hamiani propose de prendre en considération «la qualité de l'investissement dans l'attribution des terrains». Pour le chef du FCE, le plus juste est que le terrain convoité aille à l'investisseur qui offre «le plus productif projet» en adéquation avec la vocation de la zone industrielle, et non pas «au plus offrant». En effet, le promoteur qui offre le plus «n'est pas nécessairement le porteur du meilleur projet en termes de création d'emplois de richesses », a soutenu Réda Hamiani. Privatisation des zones industrielles Le président du FCE propose la mise en place de zones industrielles privées pour mettre fin à une certaine hégémonie. Pour le patronat, l'attribution de la majorité du foncier industriel aux mêmes patrons constitue «un risque potentiel pour l'économie» et pour la promotion des PME. De son côté, Hafida Mouissat, représentant le ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement (MIPI), à l'émission, a fait remarquer que «l'Algérie, qui dénombre 67 zones industrielles, n'a pas créé d'autres zones d'activité depuis des lustres». Et d'ajouter que «le cordon littoral du pays est plus que saturé. Cependant, tous les investisseurs veulent s'incruster dans les métropoles du Nord». Au nom de son département, elle a invité les opérateurs à s'installer dans les Hauts Plateaux où le foncier industriel est largement disponible. Mais, selon toujours elle, «il n'y a pas beaucoup d'activités et d'entrepreneurs qui veulent s'installer dans les Hauts Plateaux ».