Selon le dernier rapport sur l'investissement dans le monde publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, les flux d'IDE vers l'Algérie ont reculé en 2012, après une hausse appréciable enregistrée en 2011. Un expert de la Cnuced, convié hier par l'ANDI, a démontré, graphiques à l'appui, que l'évolution des flux d'IDE vers l'Algérie a suivi la tendance mondiale dans le sens d'une baisse. Ils sont ainsi passés d'un peu plus de 2,5 milliards de dollars en 2011 à un peu moins de 1,5 milliard de dollars en 2012. Kalotay Kalman a attribué cette baisse à divers facteurs, notamment la fluctuation des flux financiers transférés vers un pays, selon l'évolution et la maturité d'un projet d'investissement. Il a mis aussi à l'index la fiabilité de l'information statistique en Algérie. Le fait est que les chiffres de la Cnuced tranchent avec les déclarations optimistes de l'ANDI. Une situation que le premier responsable de l'agence a tenté de justifier par la financiarisation du concept d'investissement direct étranger. Abdelkrim Mansouri a d'ailleurs saisi l'occasion pour défendre les mesures concernant la révision de la réglementation régissant les investissements. Principe de sélection des investisseurs, de captation de la valeur ajoutée via le système de taxation, ou même de définition de l'investissements direct étranger sont autant de concepts développés par l'expert de la Cnuced et mis à profit par le directeur général de l'ANDI afin d'enrichir son argumentaire. Il est vrai que M. Kalman a avant tout défini l'IDE par deux critères. Le premier concerne une participation de l'investisseur étranger d'au moins 10% dans le capital entreprise à constituer ; le second ayant un rapport avec l'implication de l'investisseur étranger dans la gestion. L'expert de la Cnuced a largement commenté ce qu'il a appelé «la chaîne de valeur mondiale» (CVM) basée sur les flux du commerce mondial, estimant qu'aucun pays ne possède aujourd'hui d'alternative à cette chaîne de valeur. Il dira même qu'à défaut d'y prendre part, certains pays la subissent. Il est donc dans l'intérêt de chacun de capter les dividendes de celle-ci en termes de croissance et d'emploi ; il recommande à ce titre l'intégration de la CVM dans les politiques industrielles et, de fait, la sélection des investisseurs et des projets d'investissement, de garantir un transfert de technologie et de s'assurer de la cohérence des politiques de commerce et d'investissements ainsi que d'un minimum de normes sociales et environnementales à respecter. M. Kalman a ainsi estimé que l'augmentation des mesures restrictives prises par beaucoup de pays ces dernières années découle de la volonté de ces derniers de capter la valeur ajoutée issue des investissements opérés par les Sociétés transnationales sur leur territoire. Enfin, l'expert de la Cnuced a évoqué la problématique des paradis fiscaux et de la financiarisation des IDE. Il mettra ainsi à l'index ce qu'on appelle les véhicules spécifiques d'investissement, entreprises créées dans un environnement fiscal favorable, mais investissant dans divers pays. A ce titre, le directeur général de l'ANDI a dénoncé l'attitude de certaines multinationales qui s'installent dans des pays bénéficiant d'accords de non-double imposition avant de s'installer en Algérie.