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Les souvenirs de Bachir l'instituteur
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Publié dans El Watan le 28 - 06 - 2013

Né avant la guerre d'indépendance, Bachir Aroun a été le premier instituteur francophone algérien d'El Kouif. Aujourd'hui, il vit toujours dans la ville entouré de sa famille et de ses anciens élèves.
Bachir Aoun fut le premier instituteur de français d'El Kouif. Dans la rue, les anciens élèves et les riverains le nomment «Sidi». Bachir haïssait la France coloniale. Il raconte sa peur du mouvement de la Main rouge, des Français qui perpétraient des enlèvements nocturnes. Dès son jeune âge, il rêve de voir un jour son pays indépendant. Mais Bachir était passionné de la langue française : des Fables de La Fontaine aux Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau en passant par Les Misérables de Victor Hugo.
Pendant la Révolution, il décide de devenir instituteur «pour que les jeunes Algériens puissent dire un jour aux Français qu'ils ne seront jamais Français». Il commence à l'âge de 19 ans. «Au début, je devais me déplacer à dos d'âne pour regagner ma première école dans la commune de Morsott», raconte-t-il. Quelques mois plus tard, Bachir Aoun est affecté à l'école primaire d'El Kouif, son village natal. La mission est compliquée, mais le jeune instituteur veut que ses élèves puissent un jour faire valoir leurs droits fondamentaux.
A l'Indépendance, on demande à l'instituteur de favoriser l'accès à l'éducation. «Il m'arrivait parfois de devoir exhorter les enfants à aller à l'école. J'ai intégré dans l'école des enfants orphelins et sans papiers. Certains sont devenus médecins et officiers dans l'armé», sourit-il. D'autres souvenirs sont moins agréables. Un matin, alors qu'il inscrit la leçon du jour à la craie sur le tableau, le directeur de l'école fait évacuer la salle de classe en urgence. Deux hommes en uniforme militaire entrent l'air préoccupé. Ce n'est que deux ans plus tard que Bachir Aoun comprend qu'une bombe avait été placée sous l'estrade pour l'assassiner.
Démobilisé
Quelques jours après les Accords d'Evian, l'instituteur de français, qui a désormais 21 ans, rejoint le maquis sur ordre du FLN. Il est d'abord chargé de transmettre les messages, surtout ceux de Boumediène, avant d'être affecté dans une caserne pour assister au rapatriement des militaires français. «Je croyais que les moudjahidine allaient me garder pour faire une carrière militaire. Mais ils m'ont démobilisé immédiatement. Un combattant blessé m'a dit que ma place était dans la classe et pas dans une caserne. J'ai été très touché», raconte Bachir, les larmes aux yeux.
Quelque temps plus tard, les autorités annoncent que les instituteurs francophones vont devoir se transformer en instituteurs arabisants. «Cette nouvelle est tombée comme un couperet !», raconte Bachir, qui reste encore très critique. «L'arabisation n'était pas un choix. Nous n'étions pas contre, mais cette décision était purement politique. De plus, les moyens pour réussir l'arabisation n'étaient pas réunis», affirme-t-il.
Après être parti à la retraite, il y a une plus d'une quinzaine d'années, Bachir n'a pas arrêté de travailler. Non pas par nécessité, mais pour tuer son temps libre. «Quand on a de la force, il faut travailler.» Il s'occupe désormais de la gérance de la pharmacie de sa fille. Ses enfants sont devenus cadres et viennent régulièrement lui demander conseil. Les journées de Bachir sont plutôt remplies. Il s'occupe aussi de toutes les commissions de la famille et il consacre un peu de temps à ses amis et à ses élèves qui lui rendent souvent visite.
«Il était très sévère avec nous, nous avions peur de lui», raconte Youcef, un ingénieur en génie civil, qui vit aujourd'hui au Canada. Malgré ses 71 ans, Bachir se souvient de tous ses élèves d'autrefois. Cet homme à la carrure chétive et au regard vif rêve aujourd'hui d'une Algérie sereine et il est pour l'instauration d'un processus de démocratisation. «J'aimerais que notre pays puisse se développer économiquement», ajoute-t-il.
Nostalgie
Aujourd'hui, il regarde avec un peu d'appréhension grandir les jeunes de sa ville. Pour lui, certaines «valeurs» disparaissent et il craint que la mondialisation inévitable ne tue les traditions et ne fasse oublier l'histoire du pays. Mais cet attachement à l'Algérie ne l'a pas éloigné de la France. «J'ai visité presque toutes les grandes villes de France : Paris, Marseille, Lyon, Montpellier et autres.» Bachir puise toujours dans les livres et les journaux, à la recherche de belles expressions françaises. El Kouif, il l'évoque tous les jours avec ses amis. Sans trop la critiquer, mais avec la nostalgie de la ville d'autrefois, de la mine, du château, des villages kabyle, constantinois ou encore espagnol. Pour autant, la ville a quelques difficultés : de l'anarchie au manque l'organisation, Bachir continue de s'indigner. « El Kouif ne sortira jamais de son marasme!»


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