L'Afrique se dévoile sous toutes les coutures, sans nul complexe, à la faveur de ce XXe Festival du film francophone de Namur, représenté par pas moins d'une dizaine de films courts et longs métrages. Le continent noir expose ses problèmes et exorcise ses démons du passé à travers l'imaginaire de ses réalisateurs. C'est dans la catégorie courts métrages que les cinéphiles namurois ont découvert, au deuxième jour du festival, la face méconnue d'un continent largement médiatisé par ses guerres, ses maladies infectieuses et autres problèmes de pauvreté. Visa ou la dictée, du réalisateur tunisien Ibrahim Lateif, revient sur ce sempiternel problème de visa pour l'Eldorado européen à travers un court métrage où se conjuguent humour et sarcasme. Le réalisateur, qui n'est pas allé de main morte pour critiquer le durcissement des formalités pour l'octroi des visas pour la France, n'a pas manqué non plus de souligner les aspirations des jeunes Tunisiens et même les moins jeunes nostalgiques. Rachid, comptable de son état, rêve d'aller rejoindre son cousin installé en France en vue d'améliorer ses conditions de vie. Et pour ce faire, le jeune père de famille est prêt à tout faire. Il n'hésite pas à reprendre le chemin de l'école afin d'améliorer son niveau en langue française. Le passage par l'épreuve de la dictée étant la nouvelle mesure imposée à tout candidat à l'immigration. Rachid Bouchareb revient, quand à lui, sur un fait historique et propose L'Ami y'a bon. En 1940, la France déclare la guerre à l'Allemagne. Les colonies françaises serviront de réservoir d'hommes. Aby, un père de famille sénégalais quitte sa famille au secours de la mère patrie. Quatre années plus tard et après avoir connu les camps de prisonniers en Allemagne, Aby rentre au pays. Démobilisés, les hommes qui ont servi de chair à canon sont remerciés pour services rendus à la nation, sans indemnisation. Certains seront même fusillés. Le court métrage, qui est un prélude pour le huitième long métrage tourné en France, en Italie, au Maroc et en Algérie, est réalisé sous forme de dessins animés. Toujours dans le registre court métrage en compétition, le réalisateur marocain, Ali Benkirane, propose Viens à Namur, avec Amel. Histoire d'une petite fille de la campagne marocaine qui vit dans le dénuement et qui, en élève studieuse, est obligée de se lever à l'aube pour rejoindre l'école avec son frère. Le film de 17 minutes raconte le rêve d'une petite fille qui aspire devenir médecin. De son côté, le réalisateur sénégalais, Moussa Touré, a présenté en compétition officielle, 5x5, un 52 minutes sur la polygamie. Quotidien d'une famille polygame de Dakar. Histoire d'un Sénégalais de 55 ans, fonctionnaire sénégalais retraité, marié à 5 femmes et père de 25 enfants. Sans approuver ou rejeter l'idée de la polygamie, le réalisateur expose les problèmes de ce père de famille “nombreuse” qui, malgré toutes les difficultés, affiche de l'optimisme. W. L.