Voilà que la reconnaissance arrive, et de fort belle manière, pour Abderrahmane El Koubi, après une cinquantaine d'années de pratique dans l'art du chant populaire algérien (chaâbi) . C'est lors d'une cérémonie en diurne que fut rendu un hommage à ce grand interprète de la chanson populaire, qui figure parmi les quelques piliers de cet art légué par el hadj M'hamed El Anka, qui fut d'ailleurs le maître de tous les chanteurs du chaâbi, comme ils se plaisent à le dire. el hadj M'hamed El Anka n'a-t-il pas déclaré lors d'une interview que : «tous les pratiquants de cet art sont mes élèves d'une façon directe ou indirecte ?» El Koubi fut d'abord élève du cheikh Kabaïli, qui l'initia aux rudiments de la pratique de cet art, ensuite c'est au conservatoire municipal qu'il apprit les règles et les bases de la musique andalouse de prime abord, avec le grand maître, Abdelkrim Dali. Puis il suivit la voie de cheikh Omar Mekraza dans la pratique du chaâbi, jusqu'au jour où il anima sa première soirée familiale à Rouiba. Ce fut le point de départ pour l'aventure qui dura 50 ans. Le ministère de la Culture, ainsi que l'Onda, ont donc organisé cet événement à la salle Ibn Zeydoun, en présence d'une foule nombreuse constituée de mélomanes et d'amoureux du chaâbi, en présence aussi de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Cette dernière a tenu à rendre hommage au chanteur, puis le spectacle débuta par la belle prestation de Didine Karroum, qui entama son tour de chant par un enqilab (ana qad kana li), ensuite une très belle chanson écrite par Mahboub Bati et chantée par El Koubi (Dik Elmara) Didine fut tout simplement magistral. Puis vint le tour de Naçer Moqdad, qui interpréta un très beau texte rendu célèbre par El Koubi (Habiba, du cheikh Bendriss). Moqdad entraîna le grand public dans ses «kh'massa», créant ainsi une symbiose avec la salle. Vint ensuite le tour de notre diva nationale, Nadia Benyoucef, vétue à la traditionnelle et nous rappelant, Fadila Dziria, si bien que les youyous fusaient de toutes parts dans la salle. Elle interpréta Rachiq elqad, suivie d'Ana touiri, souvent chantées par Fadila Dziria, puis enchaîna avec Tfekert oua djrat dem'aâti, une belle chanson nostalgique de Hachemi Guerrouabi. Ce fut sublime. Quant à Tewfik Aoun, ce rossignol n'a eu aucune peine à entraîner le public avec lui, en interprétant Elghorba.Très applaudi, il laissa la place à Mahdi Tamache, venu lui aussi rendre hommage à El Koubi,vêtu d'un ensemble bleu Shangai. Il chanta un texte de Hadj M'hamed El Anka, (Ouayne Saâdi). Pour clore la cérémonie, l'animateur, artiste lui aussi, Mourad Zerrouni, invita la ministre, ainsi qu'El Koubi, à monter sur scène pour finir la soirée en apothéose.