Des hameaux, qui s'accrochent depuis des siècles au flanc de Sidi Ali Bounab, se vident les uns après les autres sous le double effet de l'insécurité et de l'absence de commodités. Iouariachène, Ihamadène déjà désertée, Aït Slimane, Imaghninène, quatre principaux villages du côté sud de la commune menacée par l'exil qui « s'impose comme une option incontournable ». La dégradation de la route desservant ces villages a imposé, à elle seule, un isolement terrible de toute la région. Les quatre ou cinq transporteurs qui s'aventurent dans le CW106 ne peuvent satisfaire tous les habitants qui ont besoin de se déplacer quotidiennement : écoliers, étudiants et travailleurs surtout. Et tout le monde ne peut se permettre 60 DA par personne pour le déplacement au chef-lieu de la commune. « Deux camions de 25 places chacun pour le ramassage scolaire, c'est plus qu'insuffisant pour une population scolaire de plus de 180 élèves des Iouariachène, Hamada, Aït Slimane, Imaghninène... La population n'a pas cessé de réclamer au moins deux bus en attendant la construction d'un collège à Sidi Ali Bounab », fulmine un habitant d'Iouariachène. « Ces villages ont besoin d'un programme spécial, si l'on veut vraiment y maintenir la population. Sans maison de jeunes, sans aires de jeu, sans un centre de santé et des programmes d'animation culturelle tout au long de l'année, les citoyens vont continuer à s'ennuyer. Il faut absolument reconsidérer le rapport administration-mouvement associatif », ajoute notre interlocuteur. La salle de soins et le centre de santé construits durant les années 1970 ont besoin d'être réhabilités. « Abandonnés pendant des années, probablement suite à l'insécurité, ces deux infrastructures sont devenues des dépotoirs », nous explique-t-on. « Un mini-centre pour les métiers de l'artisanat dans la région aiderait considérablement nos concitoyens. Nous entendons parler de programme d'aide, voire de prise en charge de l'enfance et de la femme rurale. Pourquoi n'a-t-on pas alors pensé à nos jeunes filles qui suite à la démission de l'Etat ont été contraintes d'abandonner leurs études. Elles sont très nombreuses à avoir subi cette injustice. » On parle souvent d'égalité des chances en ce qui concerne l'accès à l'éducation. « C'est du n'importe quoi ! Que ces gens qui s'égosillent ainsi pour nous faire avaler des couleuvres visitent nos villages ! Ils se rendront vite compte qu'ils prêchent des mensonges », déclare notre interlocuteur. Les habitants de ces villages qui ne demandent pas des logements près, se voient cependant refuser leurs demandes d'aide à la construction rurale. « Nous ne voulons pas être une charge de trop pour l'Etat. Ailleurs, les citoyens réclament des logements, mais nous, nous ne demandons qu'à être assistés dans notre effort de construire sur nos terres. Dans le village, tout citoyen devrait avoir son petit chez-soi, cela ne coûte pas grand- chose à un Etat qui dort sur 60 milliards de dollars. Nous ne faisons que demander ce qui nous revient de droit : un toit, l'éducation et un poste d'emploi », vous diront tous les citoyens de ces villages oubliés.