En plus de présenter à l'avenir une image plus avenante de cette tannerie, l'essentiel de sa réhabilitation se traduira par sa remise à niveau industrielle. Il est pour bientôt l'effacement du «répulsif-look» de la tannerie d'El Amria, une usine qui, sur 49 000 m2, donne à voir sa laideur aux automobilistes de passage sur la déviation de la RN2 à hauteur d'El Amria. Mais en plus de présenter à l'avenir une image plus avenante d'elle, l'essentiel de sa réhabilitation se traduira par sa remise à niveau industrielle. 449 millions de DA ont été dégagés sous forme d'un crédit bonifié à son profit dans le cadre du plan gouvernemental de relance industrielle. La phase d'étude étant déjà achevée, les travaux de réalisation et d'équipement devraient débuter à la fin du mois courant. A cet égard, l'usine n'aura plus pour seul objectif l'exportation de cuir semi-fini comme cela l'est depuis sa création en 1958 mais d'un cuir prêt à l'emploi, ce qui augmentera la plus-value sur la transformation des peaux de bovins, une plus-value dont une bonne part profitait jusque-là aux entreprises étrangères qui achetaient le produit semi-fini. Pour réaliser la transformation de son processus de production, la tannerie Tafna SPA va acquérir des équipements plus performants que ceux dont elle dispose actuellement. Mais encore, indique Berkani Toufik, son PDG, sa production va être doublée sachant que sa capacité installée, qui était de 16 tonnes/jour, s'était réduite au fil des décennies de moitié. Par ailleurs, sa montée en cadence devrait se traduire par l'augmentation progressive du nombre de ses employés d'un cinquième pour atteindre la centaine. En outre, pour plus performant le personnel aux différents postes de la production, une enveloppe de 20 millions de DA ira à la formation. Cet idyllique tableau pour l'avenir de la tannerie Tafna SPA ne peut faire oublier le fait qu'elle est polluante. D'aucuns regretteraient que le volet relatif à la protection de l'environnement ait été programmé en second sachant que l'usine pollue actuellement et qu'elle va polluer davantage une fois remise à niveau. Cette aberration résulte du fait qu'il a été décidé de réaliser une étude en matière de protection de l'environnement pour les sept tanneries étatiques disséminées à travers le pays de façon à réaliser un achat groupé qui rendrait la facture moins onéreuse à l'acquisition des équipements. Pour rappel, les tanneries produisent des déchets liquides extrêmement nocifs parce que constitués de corps actifs tels les sulfures, le chrome, les sels, les acides et d'autres composants. Depuis 1997, sur injonction du ministère de l'Environnement, sous peine de fermeture, celle d'El Amria s'était dotée d'une station d'épuration de ses déchets liquides. Ainsi, après traitement, l'eau est rejetée et les boues obtenues sont stockées. Mais fonctionnant mal, les boues qui sortent du bac de la station contiennent toujours des corps actifs. Amoncelés à l'air libre, elles ne pouvaient être accueillies par aucune décharge. Ces boues demeurant à l'air libre sont lessivées par les pluies, le chrome et les autres produits chimiques sont récupérés par le ruissellement des eaux pluviales pour aller polluer la nappe, la sebkha, les champs et le quartier voisin. Le PDG de la tannerie rassure pour l'avenir en indiquant que la nouvelle station d'épuration sera plus moderne et surtout performante. Elle va être installée pour 60 millions de DA. Mieux encore, annonce-t-il, les déchets solides amoncelés à l'air libre eux aussi depuis des années dans l'enceinte de l'usine vont être livrés à une nouvelle usine implantée au centre du pays pour les transformer en un produit de maroquinerie et de l'engrais. Enfin, cerise sur le gâteau, cette usine de traitement aura également à prendre en charge les déchets des tanneries privées dont d'ailleurs on ne sait rien des atteintes à l'environnement qu'elles causent.