Si le vote des déplacés internes pose de sérieux problèmes de logistique, celui des réfugiés est un autre casse-tête. International, cette fois. Et pour cause, leur participation aux élections dépend des pays d'accueil et de l'implication du HCR. Près de 174 000 réfugiés ont été recensés par le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA). Près de 60 000 personnes au Burkina Faso, 53 000 au Niger et 54 000 en Mauritanie et 1 500 personnes en Algérie. «Une première mission a effectuée une visite dans les pays d'accueil tout récemment pour clarifier la situation des réfugiés et une lettre d'accord a été signée par le PNUD pour accompagner le processus électoral», révèle Alain Vauck Ayadokoun, conseiller technique principal, chef du projet d'appui au processus électoral du Mali (Papem). Le représentant du PNUD à Bamako brandit un livret contenant la nouvelle loi électorale revue et corrigée en mai dernier et cite l'article 36, consacré aux conditions et procédures de vote des Maliens de l'extérieur. Il définit le cadre juridique du vote des réfugiés maliens. Il s'agit pour eux d'avoir le statut officiel de réfugié dans le pays de résidence, figurer dans la base de données biométriques, de l'état civil avec photo et empreinte digitale et enfin être inscrit sur la liste électorale biométrique des réfugiés du pays de résidence. «Il y a beaucoup de critères et de paramètres qui entrent en jeu pour leur recensement, notamment le statut de réfugiés que le HCR leur octroie», explique Alain Vauck Ayadokoun. Le PNUD joue le rôle de médiateur entre les différentes parties (autorités maliennes, HCR, pays d'accueil). La médiation semble nécessaire. Selon des sources maliennes qui ont requis l'anonymat, l'opération de préparation du vote des réfugiés bloque depuis plusieurs jours sur la question du recensement. «Les autorités maliennes n'ont pas les listes de nos réfugiés dans les pays voisins, c'est le HCR qui a procédé à leur recensement. Si le HCR ne nous communique pas ces listes, nous ne pourront pas inscrire tous ces Maliens sur le fichier électoral», explique notre source. Le HCR refuserait de leur remettre ces précieuses listes pour ne pas «enfreindre les règles internationales de protection des réfugiés». «Le problème se pose particulièrement au Burkina Faso où le HCR hésite à nous remettre les listes sous prétexte que les Maliens installés dans ces camps refusent ce scrutin. Il y aurait des intimidations de la part des Touareg sur les populations réfugiées», ajoute-t-elle. Elle n'en dira pas plus. Mais les négociations sont en cours et plusieurs visites sont prévues pour régler la question, rassure-t-on à Bamako. Rien de bien rassurant, à moins de deux semaines des élections.