«En Egypte, comme en Algérie, en Tunisie ou au Maroc, les prix des denrées alimentaires subissent une certaine inflation. Mais, celle-ci affecte peu le pain et les céréales, qui bénéficient des subventions soutenues par les gouvernements.» C'est ce qui ressort en substance d'une récente étude de la FAO sur la tendance globale du marché mondial des produits agricoles. Page IVIl y a quelques semaines seulement, le ministre du Commerce a révélé le montant global mobilisé par le Trésor pour endiguer la hausse des prix du sucre blanc et de l'huile décidée par le gouvernement en janvier 2011. L'enveloppe consacrée au soutien de ces deux produits a atteint les 2,6 milliards de dinars en janvier 2013, soit en l'espace de deux ans. De son côté, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, étant conscient de la vulnérabilité du marché local des produits agroalimentaires et de l'ampleur de l'inflation qui continue à laminer des pans entiers de la société, rassure sur la volonté du gouvernement à poursuivre la politique de subvention des produits de base. Plus explicite, il avancera le montant de 135 milliards de dinars, soit 1,7 milliard de dollars, comme enveloppe mobilisée par les pouvoirs publics pour la couverture des subventions agricoles durant l'année 2013. Les subventions agricoles, qui ne sont pas spécifiques à l'Algérie mais très courantes à travers le monde, sont incontournables dans un contexte où la question de sécurité alimentaire relève du domaine stratégique et des priorités des Etats. Néanmoins, au-delà des capacités de la trésorerie de l'Etat à mobiliser des fonds pour faire face à ces aides versées aux professionnels du secteur agricole, c'est leur affectation et leur efficacité qui sont désormais en question. Les révélations récentes (El Watan Economie No 383 du lundi 8 juillet 2013) sur des pratiques frauduleuses auxquelles s'adonneraient d'indus producteurs et transformateurs de tomate industrielle avec la complicité de responsables de l'administration en charge du secteur agricole et des Chambres de l'agriculture, renseignent clairement sur le climat malsain dans lequel sont gérées lesdites subventions. Tricherie, fausses déclarations et contrats fictifs La tricherie, les fausses déclarations ou contrats fictifs de livraison de produits agricoles ont toujours été dénoncés et ne touchent pas uniquement la filière de la tomate industrielle. La filière lait, dont les subventions dépassent les 20 DA/litre (12 DA/l au producteur, 5 DA/l au collecteur et 4 DA/l au transformateur), soit quelque 14 milliards de dinars en jeu sur la base du volume moyen de collecte de 700 millions de litres/an, connaît aussi ces pratiques de magouille. Des éleveurs, avec la complicité de collecteurs et/ou transformateurs, se font délivrer des contrats de livraison fictifs pour profiter des 12 DA/l de subvention allouée par les pouvoirs publics. D'autres vont encore plus loin en ajoutant de l'eau au produit livré aux laiteries. La céréaliculture n'est pas non plus à l'abri des pratiques frauduleuses, lorsque l'on sait que c'est la filière à laquelle l'Etat consacre le plus gros budget avec des prix d'achat de récoltes respectivement de4500 DA/quintal pour le blé dur, 3500 DA/q pour le blé tendre et 2500 DA/q pour l'orge. En guise de moyens de lutte contre les tentatives de détournement des subventions agricoles, les pouvoirs publics commencent à revoir leur démarche et à recentrer la gestion des fonds affectés à cet effet. C'est dans cet esprit que semble s'inscrire le transfert de la gestion des subventions vers les Offices interprofessionnels au lieu des directions des services agricoles de wilaya à qui revenait cette tâche précédemment. Après l'OAIC et l'ONIL, à qui échoit respectivement la gestion des subventions sur les céréales et le lait, l'Onivel (Office interprofessionnel des légumes et viandes) vient de se voir confier la gestion des subventions allouées dans le cadre du Syrpalac pour la régulation du marché des produits frais de large consommation (pommes de terre, tomates et viandes blanches). Contactée à ce sujet, une source au sein de cet office a fait savoir qu'«à travers la centralisation de la gestion de ces subventions autour de l'Onivel, les pouvoirs publics visent, entre autres, à garantir une meilleure transparence dans leur distribution».